Les réseaux d'immigration clandestine sont de mieux en mieux organisés et génèrent des revenus considérable. La France a décidé de faire de la lutte contre ces filières une priorité.
Présentée par les Nations unies comme la troisième activité criminelle mondiale à raison des revenus qu'elle génère, la traite des êtres humains focalise depuis de nombreuses années l'attention de la police française. En 2008, une centaine de filières spécialisées dans l'acheminement tarifé de migrants en provenance de Chine, d'Afrique, du Proche-Orient ou d'Amérique latine ont été démantelées par les services répressifs.
S'appuyant sur les 110 policiers de l'Ocriest (office central de répression de l'immigration irrégulière et de l'emploi des étrangers sans titres) ainsi que sur 52 brigades mobiles de la police aux frontières, le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale s'est en outre engagé à doubler au plus vite le nombre d'opérations policières visant ces réseaux. Pour ce faire, il a initié une politique controversée fondée sur l'incitation des migrants à dénoncer leurs «passeurs».
Difficilement quantifiable, l'immigration illégale s'appuie sur des filières plus ou moins structurées qui pratiquent des tarifs très variables. En mars 2009, la direction du renseignement de la Préfecture de police de Paris a ainsi démantelé un réseau qui proposait à des ressortissants irakiens et kurdes de gagner la France moyennant 10.000 dollars. En mai, l'Ocriest a mis au jour une autre filière qui faisait profession d'acheminer des migrants iraniens vers la Grande-Bretagne. Selon les policiers, quelque 3.000 euros leur étaient facturés pour la seule étape censée les mener de la Grèce vers la France.
Succession de drames
De plus en plus lucrative à mesure que le renforcement des contrôles aux frontières de l'Europe décourage les migrants isolés, cette traite génère, selon les enquêteurs spécialisés, des sommes qui peuvent atteindre plus de 10 millions d'euros par an. Dans les nombreux pays traversés, les filières les mieux structurées peuvent s'appuyer à la fois sur des rabatteurs, des fabricants de faux papiers ou encore des convoyeurs capables d'organiser leur transport dans la plus grande discrétion.
Ces dernières années, la multiplication des candidats à l'exil en provenance d'Afrique a entraîné une succession de drames qui ont coûté la vie à plusieurs milliers de migrants. De nombreuses embarcations de fortune, parties de Libye, d'Égypte ou de Tunisie ont en effet fait naufrage avant d'atteindre les côtes italiennes, tandis que d'autres bateaux ont sombré au large de l'Espagne. Par ailleurs, la traversée du Sahara a également fait de nombreuses victimes parmi les migrants en provenance d'Afrique noire.
Indépendamment de ces diverses voies, nombre de migrants gagnent la France via ses départements ou territoires d'outre-mer. Depuis plusieurs années, Mayotte, la Guyane et la Guadeloupe sont ainsi confrontées à un afflux massif de clandestins. L'an dernier, la France a renvoyé dans leur pays 29.288 étrangers en situation irrégulière - soit 1,7% de moins qu'en 2008. Cette statistique comprend à la fois les migrants qui ont été reconduits de force et ceux qui ont spontanément accepté de quitter l'Hexagone.
Source : Le Figaro