Le dossier de la réadmission des migrants irréguliers vient d’être remis de nouveau sur la table. Theo Francken, secrétaire d’Etat belge à l’Immigration ainsi que son collègue Jan Jambon, ministre de l’Intérieur, ont effectué hier une visite à Rabat pour forcer la main aux autorités marocaines afin qu’elles acceptent le rapatriement de nos migrants irréguliers. Ils ont cherché à obtenir un accord pour organiser les retours volontaires ou forcés.
Fraîchement auréolé de son succès en Albanie où il a réussi à arracher un accord de rapatriement, Theo Francken veut rééditer son exploit au Maroc. La Belgique compte près de 3.000 Marocains en séjour illégal selon des chiffres datant de 2013. Leur refoulement vers le Maroc ne semble pas de tout repos puisqu’il faut compter deux à six mois pour identifier une seule personne.
Le secrétaire d’Etat belge à l’Immigration réussira-t-il là où d'autres ont échoué ? En effet, tout accord de réadmission demeure irrecevable par le Royaume. Ce dernier fait encore de la résistance et refuse de le signer malgré les fortes incitations qui lui ont été offertes par la Commission européenne lors du dernier round de négociations sur l’accord de facilitation de mobilité des Marocains désirant se rendre en Europe.
Rabat refuse de s’engager à réadmettre sur son territoire les personnes ayant transité par le Maroc et qui ont été interpellées sur le sol de l’U.E. Pour cette dernière, ces accords sont des éléments importants dans la gestion concertée des flux migratoires développée avec ses partenaires, notamment ceux de la rive Sud de la Méditerranée et Est de l’Europe. Ils s’inscrivent directement dans la stratégie de l’UE en matière de lutte contre l’immigration irrégulière et de politique des retours. Selon l’Association européenne pour la défense des droits de l’Homme, ces accords s’inscrivent également dans une stratégie d’externalisation des contrôles migratoires.
Theo Franken, lui-même, savait pertinemment que rien n’est joué d’avance. Il était conscient que la tâche ne serait pas facile. Dans une interview diffusée dernièrement sur Radio 1, il n’avait pas hésité à exprimer sa frustration concernant les négociations menées par l’UE avec le Maroc pour obtenir un accord de réadmission depuis dix années sans succès. A ce propos, il a déclaré vouloir augmenter la pression sur le Royaume afin qu’il cède à propos de cette question qui constitue le nœud du problème dans le Partenariat pour la mobilité.
Des propos qui n’ont rien d’étrange dans la bouche du nouveau secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration qui est connu pour ses penchants xénophobes notamment à l’égard des Marocains. Tout le monde se souvient encore de la polémique suscitée par la publication, en 2011 sur sa page de Facebook, d’une phrase qui laissait entendre que les immigrés marocains n’apportaient aucune valeur ajoutée à la Belgique. Une dérive qui n’a rien de nouveau puisqu’en 2007, il avait rédigé un email dans lequel il reprochait aux Marocains d’être «des petits cons ».
27 Mars 2015, Hassan Bentaleb
Source : Libération