Que cela soit dit et compris, en matière d'immigration et d'intégration, l'Europe n'a pas de leçons à nous donner au Québec et au Canada.
Certes, les défis que nous devons relever sont grands, mais contrairement à la France, à l'Allemagne et au Royaume-Uni, qui parquent leurs immigrants dans des ghettos ethniques, nous sommes une société accueillante et ouverte sur sa diversité.
Nous protégeons les droits fondamentaux de tous les citoyens sans égard à leurs origines. Nous respectons la liberté de conscience et la liberté de religion tout en condamnant les dérives sectaires qui peuvent s'y manifester. Nous avons notre lot d'extrémistes mais nous sommes nombreux à nous dresser contre l'instrumentalisation des religions à des fins politiques et à combattre le dijihadisme et l'islamisme radical, la mamelle qui le nourrit.
Pegida, ce mouvement anti-immigration musulmane qui a vu le jour en Allemagne il y a à peine 5 mois, n'a pas sa place au Québec. Nous n'avons pas besoin d'importer ici le virus du racisme et de la xénophobie prévalant en Allemagne ou en France.
Les nouveaux enjeux auxquels nous devons faire face au Québec en matière de neutralité religieuse de l'État et de lutte à l'intégrisme sont bien réels mais je suis persuadée que nous parviendrons à les régler en posant des gestes forts, notamment par la voie d'un consensus législatif, par des politiques d'intégration au marché du travail, par la valorisation des compétences issues de l'immigration, par la lutte aux inégalités touchant les femmes et les enfants, par l'éducation civique dans nos écoles, par l'adhésion à des valeurs commues, par le dialogue et le rapprochement et non par la stigmatisation et le rejet de l'autre.
27/3/2015, Fatima Houda-Pepin
Source : .journaldemontreal