mercredi 3 juillet 2024 08:46

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Le combat contre la burqa s'accompagne de gages à la communauté musulmane

Le malaise de la communauté musulmane alimenté ces derniers mois par le débat sur l'identité nationale et les discussions sur le port du voile intégral trouvera-t-il des réponses dans les initiatives de ce début de semaine ? Mardi 26 janvier, alors que les parlementaires, qui ont réfléchi durant six mois aux moyens d'interdire le voile intégral en France, remettent leur rapport au président de l'Assemblée nationale, le chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, se rend au cimetière militaire de Notre-Dame-de-Lorette (Pas-de-Calais), pour saluer "la mémoire de tous les soldats morts pour la France, quelles que soient leurs origines et leurs croyances".

Ce calendrier ne doit rien au hasard. Le geste du chef de l'Etat, attendu par la communauté musulmane après une série de profanations des tombes musulmanes, est destiné à apaiser. Ces derniers mois, nombre de musulmans ont mal vécu l'amalgame "identité nationale-immigration-islam" et les dérapages verbaux qui l'ont accompagné.

Beaucoup ont aussi ressenti comme une "stigmatisation" de leur religion la manière dont les responsables politiques se sont emparés du débat sur le port du voile intégral. Dès lundi, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a qualifié de "geste fort" la visite de M. Sarkozy au cimetière militaire.

"FAIRE RECULER LE SENTIMENT DE STIGMATISATION"

De son côté, la mission d'information présidée par André Gerin, qui, outre une résolution solennelle "condamnant le port du voile intégral", préconise une loi d'interdiction de la burqa dans les services publics et les transports publics, s'est aussi attachée à donner quelques gages aux musulmans.

"En estimant que le port du voile intégral est aux antipodes des valeurs de la République, la mission a, dans le même temps, jugé nécessaire de combattre toutes les formes de discrimination et notamment, celles qui sont fondées sur la religion", indique le rapport. Cette position balancée devrait contribuer à faire accepter la loi d'interdiction partielle par les représentants musulmans, CFCM en tête.

Si son souhait d'engager un travail parlementairte sur l'islamophobie a été repoussé par une majorité des députés de la mission qui se sont prononcés sur le sujet, mardi en fin de matinée, les rapporteurs rappellent leur volonté de "faire reculer le sentiment de stigmatisation ressenti par les musulmans de France".  Le rapporteur, Eric Raoult, a indiqué mardi, que la question n'était "pas retirée" du rapport mais qu'elle méritait "d'être précisée". La mission évoque aussi un effort en faveur de l'enseignement de la langue arabe et associe les conseils régionaux du culte musulman aux efforts de médiation envers les femmes portant la burqa.

S'appuyant sur les propos de la tribune de M. Sarkozy publiée dans Le Monde du 8 décembre, "la religion musulmane [doit être] mise sur un pied d'égalité avec toutes les autres grandes religions", les rapporteurs, en dépit de l'avis émis par plusieurs députés de la mission, invitent à "une réflexion" sur les possibilités de favoriser l'aide directe au financement des lieux de culte. De même, ils relancent l'idée de réfléchir à une reconnaissance des fêtes religieuses telles que l'Aïd el-Kébir.

Ces pistes de réflexion font écho aux demandes du président du CFCM, Mohammed Moussaoui. "S'il y a combat contre les pratiques radicales, il faut aussi en contrepartie un combat contre l'islamophobie", avait-il déclaré lors de son audition devant la mission.

Elles répondent aussi en partie aux constats de Marouane Bouloudhnine, le président de l'association Mosaïc, qui entend incarner la "représentation laïque" des musulmans de France. La fédération souhaite mettre en place un recueil des actes islamophobes et veut organiser une visite au monument aux morts de Verdun – qui rend hommage aux soldats musulmans –, en y associant "toutes les composantes politiques et religieuses de la Nation".

D'autres voix, comme celle de l'Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis (UAM 93), demandent enfin que soit officiellement clos le débat sur l'identité nationale "le plus tôt possible".

Source : Le Monde

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