Le géant français de la construction Vinci "conservait les passeports" des travailleurs de ses chantiers au Qatar en vue du Mondial 2002 jusqu'à début 2015, mais "pas sous la contrainte", affirme jeudi son PDG Xavier Huillard, après la plainte pour "travail forcé" déposée par une ONG française.
L'association Sherpa, qui aspire à "défendre les populations victimes de crimes économiques", avait annoncé la semaine dernière le dépôt d'une plainte contre Vinci, qu'elle accuse de réduire "en servitude" ces travailleurs immigrés.
"Au Qatar, nous avons des milliers de collaborateurs népalais, sri-lankais, indiens, qui vivent dans des conditions qui sont aux meilleurs standards", s'est défendu M. Huillard, dans un entretien au quotidien Le Figaro.
"Dans notre nouvelle +base-vie+, ils sont logés dans des chambres climatisées de 4 personnes au plus", précise le PDG de Vinci, et celles-ci sont "dotées de coffres-forts pour conserver leurs effets personnels et leurs passeports".
"Jusqu'au début de cette année, nous conservions effectivement les passeports de ces travailleurs", admet toutefois M. Huillard, dont le groupe est actif au Qatar depuis 2007. "Mais pas sous la contrainte", précise-t-il.
"Leurs titulaires nous les confiaient volontairement, en signant une décharge dans leur langue, pour ne pas prendre le risque de vol ou de destruction", affirme le PDG de Vinci. "Ils pouvaient bien sûr les récupérer à tout moment", assure-t-il.
Interrogé sur les pratiques des sous-traitants locaux qui assurent 60% de l'activité sur ses chantiers, M. Huillard affirme: "Je ne peux m'engager à 100% que sur ce qui se passe dans mon entreprise et sur mes chantiers".
Le 23 mars, Sherpa a porté plainte en France contre la filiale du groupe, Vinci Construction Grands Projets (VCGP), pour "travail forcé" et "réduction en servitude" à l'encontre des migrants employés sur ses chantiers au Qatar.
Les plus gros de ces chantiers sont le projet de tramway de Lusail, celui du métro de Doha et un tronçon d'autoroute de 47 km, la New orbital Highway, des contrats d'un montant global de 2,2 milliards d'euros, qui courent jusqu'en 2019.
En février, Human Rights Watch avait appelé le Qatar à améliorer les conditions des travailleurs migrants et notamment à abolir la pratique de confiscation des passeports des employés.
2 avr 2015
Source : AFP