La nostalgie et le mal du pays sont relégués au second plan. Les conditions socio-économiques demeurent les caractères les plus déterminants qui poussent les expatriés à décider d'un retour définitif au pays des ancêtres.
Adieu la France! 1,27 million de travailleurs à la retraite sur les 13,5 millions que compte l'Hexagone réside à l'étranger dans pas moins de 180 pays. Cela représente 9,4% des 13,5 millions de retraités à cette date, toutes nationalités confondues, indiquent les statistiques de la Caisse française d'assurance vieillesse (Cnav). En tête de ce peloton: l'Algérie. 440.000 retraités algériens de France choisissent de rentrer chez eux.
«L'Algérie reste le premier pays d'accueil avec près de 440.000 retraités. Suivent l'Espagne (191.159), le Portugal (près de 178.000) et l'Italie (91.300) qui constituent le trio de tête des pays de l'Union européenne les plus plébiscités par les retraités du régime général», indiquent les chiffres rendus publics par la même source. Nos Chibanis choisissent donc en force de revenir au bercail. Parfois contraints et forcés. Si cela se faisait presque naturellement chez les premières générations d'Algériens à avoir émigré en France, les raisons qui poussent les «jeunes» séniors à rejoindre leur terre natale après quelques années de bons et loyaux services sont d'ordre beaucoup plus objectif.
La nostalgie et le mal du pays sont relégués au second plan. Les conditions socio-économiques demeurent les caractères les plus déterminants qui poussent les expatriés à décider d'un retour définitif au pays des ancêtres. Quels sont leurs profils? Il y a «ceux qui regagnent leur pays d'origine, ceux qui recherchent un cadre de vie agréable ou encore ceux qui compensent la perte de leur pouvoir d'achat», expliquent les organisateurs (dont la Cnav) du Salon de l'expatriation 2015 qui s'est tenu la dernière semaine du mois de mars à Paris.
«Il peut aussi s'agir de jeunes seniors toujours actifs, qui souhaitent donner un nouveau souffle à leur carrière professionnelle», ont-ils ajouté. Ces retraités qui retournent vivre dans leur pays d'origine touchent en moyenne une retraite de base de 221 euros par mois, contre 621 euros pour ceux restés en France.
Des revenus insuffisants qui les mettraient dans des conditions d'extrême précarité. «Ce faible montant s'explique par la seule prise en compte de la carrière réalisée en France et au régime général», soulignent les enquêteurs de la Cnav. Une condition d'existence qui a, paradoxalement, mis depuis toujours les Algériens en situation de boucs émissaires, notamment lors des campagnes électorales.
Ce qui a permis aux thèses xénophobes et à l'extrême droite de prospérer autour des thèmes de l'immigration de l'identité nationale (française), de la religion (l'Islam).
Un climat qui étouffe et qui rend insupportable la vie de ces milliers d'Algériens qui ont donné leurs plus belles années à l'ex-colonie, mis leur force de travail au service de la France pour souvent des clopinettes. C'est aussi cette forme d'ingratitude qui les a sans doute poussés à faire leurs valises.
01 Avril 2015, Mohamed TOUATI
Source : lexpressiondz