jeudi 4 juillet 2024 08:28

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En France, les préjugés anti-islam, antisémites et antiroms ont la vie dure

Selon le rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme, la « tolérance » des Français s’améliore malgré les attentats de janvier. Mais les actes racistes augmentent.

C’est un fait, les Français deviennent plus tolérants. Et pourtant, les pratiques liées à l’islam continuent de déranger et les vieux clichés antisémites ont la vie dure. C’est ce qui ressort du rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH).

43 % des Français « pas racistes du tout »

Après quatre années de baisse consécutive, l’indice de tolérance, calculé à partir d’une série de questions posées aux sondés, marque une stabilisation, voire une légère progression. La proportion de Français se déclarant « pas racistes du tout » est en hausse pour la première fois depuis 2010, atteignant 43%, selon un sondage de l’institut BVA pour la CNCDH réalisé du 3 au 17 novembre 2014 auprès d’un échantillon représentatif de 1.020 personnes. Un second sondage effectué du 3 au 13 mars confirme une progression de la tolérance, montrant que les attentats parisiens et les manifestations de solidarité qui les ont suivis ont « renforcé l’acceptation et le respect des minorités » plutôt que durci les attitudes à leur égard. Entre novembre et mars, l’indice de tolérance a en effet progressé de 2,3 points. La tolérance à l’égard des noirs progresse de quatre points, celle à l’égard des musulmans et des maghrébins de 1,6 point et celle envers les Juifs de 3,7 points. « Devant les tragiques événements, le lien social s’est plutôt resserré que distendu », s’est félicitée jeudi Christine Lazerges, présidente de la CNCDH, lors d’une conférence de presse.

Pour 72% des Français, il y a trop d’immigrés en France.

Mais « des points de crispation persistent voire s’aggravent », constate la CNCDH : « revitalisation des vieux clichés antisémites, persistance des préjugés antiroms, rejet des pratiques liées à l’islam dans leurs manifestations tant dans l’espace public que dans la sphère privée, et chez certains, une acception dévoyée de la laïcité comme devant faire rempart à l’islam ».

Les pratiques liées à l’islam sont de plus en plus critiquées : quatre Français sur dix affirment que l’interdiction de consommer de la viande de porc ou de l’alcool (40%, +24 points) ainsi que le jeûne du ramadan (38%, +18 points) posent problème à la vie en société.

Deux groupes sont toujours perçus comme étant à part dans la société : les Roms (82%), qui souffrent de l’image la plus négative, et les gens du voyage (80%).

Les Juifs restent la minorité la mieux acceptée, mais les préjugés antisémites progressent, comme le sentiment qu’ils ont « trop de pouvoir » ou un « rapport particulier à l’argent ».

Et si les Français estiment que les responsables politiques doivent s’investir davantage contre la discrimination, ils restent crispés sur la question de l’immigration : 72% estiment qu’il y a trop d’immigrés en France.

Les actes racistes en hausse

Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, les actions et menaces à caractère raciste, antisémite et antimusulman ont grimpé de 30%, passant de 1.274 faits en 2013 à 1.662 en 2014. Les infractions antisémites ont augmenté de 101% atteignant 851 faits en 2014 et les faits antimusulmans ont diminué de 41%, à 133 faits délictueux. Un bilan statistique nuancé par la CNCDH, car il ne reflète que « l’écume des choses », selon Christine Lazerges. Elle attribue ainsi la baisse des actes antimusulmans plutôt à une « difficulté à porter plainte qu’à une chute des menaces ».

L’école doit mieux corriger « les discriminations »

Parmi ses recommandations, la CNCDH « attend beaucoup de l’école », explique Christine Lazerges. Il faut qu’elle « corrige mieux les discriminations qu’elle génère » et que l’ « enseignement moral et civique prenne corps de façon plus nette et plus déterminée », dit-elle. Du côté de la justice, il faut « renforcer les pôles antidiscriminations des tribunaux de grande instance » et mieux prendre en charge les victimes qui restent « en très grande difficulté pour se faire connaître et pour pouvoir porter plainte ».

9avril 2015-04-10Source : lesechos.fr AFP

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