Des agences humanitaires ont mis en garde vendredi contre les conséquences dramatiques qu'auront pour les Somaliens les plus pauvres et leurs propres opérations le blocage par le Kenya de transferts de fonds vitaux vers la Somalie.
Mercredi, le Kenya a gelé les comptes bancaires de 14 compagnies de transfert d'argent opérant vers la Somalie, les empêchant de facto d'opérer.
Cette mesure a été prise dans la foulée de l'attentat contre l'université de Garissa le 2 avril, perpétré par les islamistes somaliens shebab et qui a fait 148 morts, dont 142 étudiants.
La Somalie, livrée au chaos depuis deux décennies, ne possède pas de système bancaire.
Les transferts d'argent via ces compagnies désormais dans l'incapacité d'opérer depuis le Kenya, où vit une importante communauté somalienne, sont donc le seul moyen pour de nombreux Somaliens de recevoir l'aide financière cruciale que leur envoient leurs proches installés à l'étranger.
Chaque année, la diaspora somalienne du monde entier envoie environ 1,1 milliard de dollars en Somalie, un montant largement supérieur à l'aide internationale.
"Une famille somalienne sur trois dit que sans cet argent, elle ne pourra pas payer la nourriture, l'école (des enfants) ou les soins de santé de base", affirment vendredi 15 ONG, parmi lesquelles Oxfam, Adeso, CARE et Mercy Corp, dans un communiqué commun.
"Les familles somaliennes perdent le seul canal formel, transparent et régulé par lequel elles peuvent envoyer et recevoir de l'argent", poursuivent-elles.
De nombreuses agences humanitaires sont basées au Kenya, et la fermeture de ces compagnies de transfert de fonds touche aussi leurs propres opérations.
"Les agences humanitaires qui travaillent en Somalie risquent aussi de perdre leur seul moyen de transférer de l'argent pour poursuivre leurs opérations humanitaires et de développement quotidiennes", disent-elles encore, craignant de devoir même "fermer leurs opérations".
Le massacre de Garissa est l'attaque la plus meurtrière au Kenya depuis l'attentat contre l'ambassade américaine de Nairobi, qui fit 213 morts en 1998.
Le président Uhuru Kenyatta, qui a averti samedi que les personnes qui organisent et financent le terrorisme sont désormais largement "implantés" au Kenya, a promis d'y répondre "le plus sévèrement possible".
10 avril 2015
Source : AFP