Des violences sporadiques continuaient mardi en Afrique du Sud à Durban (est) en proie depuis deux semaines à une vague d'agressions et pillages xénophobes tandis qu'un hommage funèbre était rendu à un Ethiopien mort dans l'incendie de son échoppe le week-end dernier.
"Nous avons une cérémonie, c'est-à-dire une prière et des gens autour", a précisé à l'AFP Ephraim Meskele, un responsable de la communauté éthiopienne.
Après la cérémonie dans une église du centre-ville, le corps du défunt devait être rapatrié dans son pays natal, avec deux autres victimes éthiopiennes des violences, selon M. Meskele.
Les deux autres victimes sont un homme tué par balle, et une femme.
Interrogé par l'AFP, la police sud-africaine n'a pas confirmé que les deux autres personnes décédées avaient été victimes de la vague de violence.
Depuis le début de la crise, les bilans de la police sont donnés au compte-goutte, souvent sans spécifier la nationalité de la victime.
Elle s'en tient à au moins deux Sud-Africains et deux étrangers tués (un Ethiopien et un Zimbabwéen) et deux Sud-Africains, les réseaux de solidarité des immigrants évoquant environ le double de victimes.
Entre 1.000 et 2.000 personnes ont dû fuir, sous les coups et la menace, ce qui leur tenait lieu de domicile, parfois de simples murs de tôles dont le mobilier a ensuite été pillé.
La police a procédé à une cinquantaine d'arrestations.
Chaque jour apporte son nouveau lot de violences, de heurts avec la police et de magasins tenus par des commerçants étrangers dévalisés, vêtements, nourriture, tout est bon à prendre.
"La situation n'en est pas arrivée au point de nécessiter le déploiement de l'armée", a toutefois déclaré le ministre de la Police Nathi Nkhleko, minimisant ce nouvel épisode xénophobe, sept ans après les terribles violences de 2008 (62 morts).
"Certains d'entre nous trouvent difficile de penser que c'est seulement xénophobe (...) On ne voit pas des Australiens pourchassés dans les rues, ni des Britanniques", a-t-il dit à un point presse.
Mardi matin, le ministre de l'Intérieur Malusi Gigaba était à Durban pour rencontrer les diplomates des principales communautés visées. "Le président a clairement indiqué aux ministres que la vie de tous les étrangers devait être protégée", a-t-il dit.
La priorité du moment n'est pas aux contrôles des papiers d'identité, a-t-il souligné.
Edward Zuma, l'un des fils du président Jacob Zuma, a fait entendre un son de cloche différent: "Tous ceux qui sont illégaux dans ce pays doivent partir. Le gouvernement doit cesser de fuir ce problème", a-t-il dit, relayant une opinion répandue dans le pays.
14 avr. 2015
Source : AFP