La Commission européenne a appelé jeudi l'Espagne à renoncer aux refoulements "à chaud" des immigrants à la frontière de ses enclaves de Ceuta et Melilla et du Maroc.
Bruxelles recommande à Madrid de leur permettre de présenter leurs demandes d'asile sans avoir à escalader les clôtures hautes de trois à six mètres qui marquent la frontière.
"Il faut s'assurer que les points de passage des frontières sont accessibles pour permettre aux demandeurs d'asile de présenter leur demandes, sans avoir à escalader des clôtures", a déclaré une porte-parole de la Commission, à quelques jours de la visite sur place du commissaire en charge du dossier.
Dimitris Avramopoulos (Affaires intérieures) doit se rendre dans les deux enclaves lundi et mardi. Il aura eu lundi matin un entretien à Madrid avec le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a indiqué Natasha Bertaud. "L'objectif est de faire le point de la situation sur place (...), à la lumière également de la loi récente sur les mesures de contrôle aux frontières".
La loi adoptée le 26 mars autorise les forces de l'ordre dans ces enclaves à repousser les "étrangers détectés sur la ligne de démarcation, lorsqu'ils tentent de franchir les éléments d'endiguement frontaliers pour traverser la frontière de manière irrégulière".
Ces refoulements "à chaud" ont été vivement critiqués par le Conseil de l'Europe et plusieurs associations de défense des droits de l'Homme.
Bruxelles juge que l'installation à la frontière de "bureaux pour des demandes de protection internationale à Ceuta et Melilla est un développement positif".
"Mais il faut s'assurer que les points de passage des frontières sont accessibles pour permettre aux demandeurs d'asile de présenter leur demandes, sans avoir à escalader des clôtures", selon la porte-parole.
"La Commission rappelle que toute mesure de surveillance des frontières doit être proportionnée aux objectifs poursuivis, et conforme au respect des droits fondamentaux et aux principe de non-refoulement".
L'Espagne est soumise à une pression migratoire croissante en provenance d'Afrique, notamment via ses deux enclaves au Maroc. Les autorités ont enregistré plus de 65 assauts en 2014 à Melilla, contre 38 en 2013. Plus de 16.000 personnes ont tenté d'y accéder en 2014 et près de 5.000 y sont parvenus, contre quelque 3.000 en 2013.
16 avr. 2015
Source : AFP