Que faire ? Après un nouveau naufrage en Méditerranée dans la nuit du 18 au 19 avril, qui aurait fait plus de 700 morts parmi des candidats à l’exil en Europe, cette question a commencé à agiter une partie des responsables politiques.
A la gauche du PS, on insiste sur les moyens d’assister réfugiés et demandeurs d’asile. « Pour les écologistes, garantir une voie légale sûre pour les réfugiés et les demandeurs d’asile, qui permet de lutter plus efficacement contre les trafics, harmoniser la politique migratoire en adoptant des règles européennes communes – en élargissant les conditions d’accès pour les personnes nécessitant une protection internationale – est nécessaire », ont écrit les porte-parole d’Europe Ecologie-Les Verts dans un communiqué diffusé lundi. Et de « rappeler » « que la France a accueilli en 2011 250 000 immigrés contre plus de 500 000 pour nos voisins anglais et allemands, alors même que l’immigration rapporte directement à l’économie française ».
« Il y aurait une solution très simple pour éviter ces assassinats inacceptables : supprimer Frontex [l’agence européenne de surveillance des frontières], appliquer le droit d’asile à celles et ceux qui fuient les guerres et leur garantir la liberté de circulation et d’installation dans les différents pays de l’UE », a pour sa part affirmé le Nouveau parti anticapitaliste (NPA), qui se joindra, avec son porte-parole Olivier Besancenot, au rassemblement parisien de soutien aux réfugiés et migrants, lundi soir place de la République.
Le contrôle des frontières, priorité de la droite
A droite, on exprime des positions beaucoup plus réservées sur l’accueil de ces migrants, en appelant plutôt à organiser leur retour dans leur pays d’origine, tout en veillant à la surveillance des frontières de l’Union européenne.
C’est le sens des « deux priorités » énoncées par François Fillon après le drame de ce week-end : « La première est d’aider les pays riverains de la Syrie – la Turquie, le Liban et la Jordanie notamment – pour que les chrétiens et de façon plus générale toutes les victimes de l’Etat islamique qui y ont trouvé refuge puissent s’y maintenir dans de bonnes conditions en attendant de pouvoir se réinstaller en Syrie une fois la paix civile revenue. » La seconde : « Aider les pays limitrophes de la Libye (…) pour qu’ils prennent leur part d’une action (…) destinée à permettre aux candidats à l’immigration en Europe d’échapper au racket des réseaux de passeurs et de bénéficier d’un programme conséquent d’aides au retour dans leur pays d’origine. »
Sans surprise, l’opposition la plus dure à l’accueil de migrants est venue du Front national, par la bouche de Stéphane Ravier, le maire frontiste du 7e secteur de Marseille. « Nous n’avons pas les moyens d’accueillir ces gens », a-t-il martelé dimanche lors de l’émission « Tous politiques » France Inter-France 3-Le Parisien-Aujourd’hui en France. Il faut donc « les décourager de venir », « et s’ils arrivent à mettre un pied sur notre sol, il faut leur faire savoir qu’ils n’obtiendront rien : ni aide médicale d’État, ni couverture maladie universelle, ni logement ».
Le PS pour un « nouveau dispositif de sauvetage »
L’Union européenne, enfin, concentre toutes les critiques. EELV la taxe de « léthargie coupable » et fustige, à l’unisson avec le Parti socialiste et le NPA, le remplacement, en novembre 2014, de « Mare Nostrum », l’opération de secours aux immigrants illégaux en détresse, par « Triton », bien plus modeste. Le PS appelle également à la mise en place d’un nouveau dispositif de sauvetage. « La politique migratoire de l’UE nécessite d’urgence un débat approfondi entre Etats membres, éventuellement à l’occasion d’un Conseil européen extraordinaire, pour définir ensemble une politique européenne migratoire solidaire, responsable et coordonnée », écrit le parti dans un communiqué.
La droite fustige aussi Bruxelles, mais pour d’autres raisons : « Notre projet politique européen, à quoi il sert s’il n’est même pas capable de défendre nos frontières ? », s’est ainsi interrogé Bruno Le Maire, député UMP de l’Eure, lundi sur Europe 1, appelant l’UE à « montrer ses muscles » en matière de contrôle des flux migratoires.
20.04.2015
Source : Le Monde