Les réseaux de passeurs réalisent des millions d'euros de bénéfices au trafic de migrants, chaque embarcation rapportant en moyenne 80.000 euros, a déclaré jeudi à Reuters un haut magistrat italien.
Le parquet de Palerme, en Sicile, a démantelé lundi un important réseau de passeurs au lendemain d'un naufrage qui a provoqué la mort de centaines de clandestins, et le procureur Francesco Lo Voi a déclaré que cette enquête avait révélé l'existence d'autres réseaux.
"Au cours de notre enquête, nous avons découvert qu'il y avait d'autres réseaux et organisations à l'oeuvre", a dit Francesco Lo Voi.
Chaque groupe réalise "probablement des millions d'euros" de bénéfices chaque année "et ils s'organisent pour faire face à l'explosion de la demande" de candidats à l'émigration vers l'Europe.
Une conversation téléphonique enregistrée par la police au cours de son enquête a montré que chaque bateau rapportait en moyenne 80.000 euros, avec un prix de passage fixé en moyenne à 1.500 euros par migrant.
Or, des dizaines de bateaux surchargés ont quitté cette année les côtes libyennes en direction de l'Italie où le gouvernement estime que 200.000 clandestins accosteront cette année après 170.000 l'an dernier.
Les enquêteurs peinent à remonter la piste de l'argent amassé par les trafiquants, a souligné Francesco Lo Voi.
Les chefs "ne risquent pas leur vie en mer. Ils restent en arrière. Ils collectent l'argent puis le blanchissent et l'investissent."
Les pays de l'Union européenne se sont accordés jeudi pour tripler le montant des moyens accordés à la recherche et au sauvetage en Méditerranée, mais ils estiment avoir besoin d'un fer vert de l'Onu apporter une réponse militaire au trafic de migrants.
François Hollande a annoncé que Paris et Londres allaient saisir le Conseil de sécurité des Nations unies afin que l'Onu autorise une intervention sur le territoire libyen pour détruire les moyens des passeurs.
Francesco Lo Voi a refusé de dire s'il trouvait opportun de lancer des opérations militaires contre les réseaux de passeurs, estimant que la question relevait de la politique et pas de la justice.
Selon lui, rien ne permet par ailleurs de dire que des terroristes islamistes utilisent les réseaux de passeurs pour se rendre en Europe.
"Nous n'avons pour l'heure recueilli aucune preuve qui nous permette de penser que des terroristes aient pu arriver en Sicile et en Italie", en utilisant ces bateaux, a-t-il dit.
24 avr. 2015,Steve Scherer et Wladimir Pantaleone
Source : Reuters