Ce jour-là, le colonel Reda Essa était en colère. Le chef des gardes-côtes de Misrata, casquette vissée sur le crâne et collier de lunettes en sautoir, avait convoqué, vendredi 17 avril, la presse locale sur les quais de la cité portuaire de l’Ouest libyen pour dénoncer l’arrogance de l’Italie. La veille au soir, un bâtiment de la marine italienne était intervenu pour subtiliser aux gardes-côtes libyens un chalutier italien – nommé Airone – arraisonné par ses services.
Le bateau de pêche, surpris en train de pêcher dans la zone économique exclusive de la Libye, avait été invité à gagner Misrata pour vérification de documents. La marine italienne l’en empêchera. Dans les heures qui suivirent, une association de pêcheurs de Sicile assurait que l’équipage d’Airone avait appelé à l’aide après avoir été victime d’un « probable acte de piraterie ». Ces « probables pirates » n’étaient autres que des gardes-côtes libyens en mission officielle…Suite