Eric Besson et l'UMP ont accusé lundi la gauche d'avoir décrédibilisé le débat sur l'identité nationale, après la publication d'un sondage montrant qu'une majorité des Français le jugeaient "peu constructif".
Le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale a annoncé la tenue d'un séminaire gouvernemental "dans les 15 jours", à l'issue duquel le président Nicolas Sarkozy annoncera des décisions et des orientations sur ce thème controversé.
Tout en défendant le bilan du débat qu'il a orchestré depuis l'automne, Eric Besson a esquissé une ébauche d'autocritique, estimant avoir "peut-être (...) présumé de (s)es forces".
Il aurait sans doute fallu, a-t-il dit sur France Info, "dès le début créer une espèce de comité des sages". qui aurait permis "quand la polémique est partie" (...) que ce ne soit pas moi mais un certain nombre d'intellectuels de gauche, de droite, des vrais républicains, qui répondent à cela".
Selon un sondage Obea-Infraforces pour 20 Minutes et France Info publié lundi, 53,4% des Français estiment que ce débat voulu par l'Elysée a été organisé dans un but "électoraliste".
De plus, 63% des personnes interrogées disent penser qu'il n'a pas été constructif et 61% jugent qu'il n'a pas permis de définir ce qu'était "être français", ce qui est son but affiché officiellement.
Dans un entretien publié par le quotidien gratuit 20 Minutes, Eric Besson dit "comprendre" qu'une telle proportion de Français ne soient pas convaincus "quand j'observe les caricatures mensongères dont il a été la cible".
"POURRISSEMENT"
"Ceux qui avaient des intérêts dans ce tabou, soit pour nier les problèmes - c'est le cas d'une gauche angélique - soit pour conserver un monopole - c'est le cas d'une extrême droite xénophobe - se sont ligués", accuse-t-il.
Il juge en outre que la critique d'une instrumentalisation à des fins électorales "n'est pas à la hauteur du débat".
La gauche et des associations ont critiqué ce débat qui s'est, selon eux, focalisé sur la question de l'islam et de l'immigration et a parfois donné lieu à des dérapages racistes.
L'UMP a inversé l'accusation lundi, estimant que le Parti socialiste s'était contenté, depuis le lancement du débat, de faire "des propositions qui ne concernent que la situation des étrangers comme la régularisation et le droit de vote des étrangers".
"Je trouve cela regrettable", a déclaré le porte-parole adjoint de l'UMP, Fréderic Lefebvre, lors de son point de presse hebdomadaire. A ses yeux, le PS est coupable d'avoir "pourri" un débat "essentiel pour l'avenir" de la France.
"Nous dénonçons le matraquage et la démission de la gauche (...) Je regrette qu'il y ait eu un boycott, voire un pourrissement par la gauche et une partie des intellectuels de gauche parce que ce débat est essentiel et se déroule dans la plupart des pays du monde", a-t-il ajouté.
Fréderic Lefebvre a insisté sur un enseignement du sondage: deux Français sur trois (66,8%) disent ne pas souhaiter la suppression de ministère de l'Immigration.
Ce sondage montre "qu'il ne faut en aucun cas supprimer (le ministère) or c'est une demande de la gauche", a-t-il ajouté. "C'est une belle réponse des Français".
L'enquête d'Obea a été réalisée fin janvier par téléphone auprès d'un échantillon représentatif de 1.000 personnes constitué selon la méthode des quotas.
Source : Le Monde