L'Indonésie va interdire l'émigration de nouveaux domestiques vers 21 pays du Moyen-Orient, rapportent mardi des médias, après la colère de Jakarta à la suite de l'exécution récente de deux Indonésiennes en Arabie Saoudite.
Cette interdiction qui entrera en vigueur dans trois mois va affecter des pays tels l'Arabie Saoudite -- destination prisée par les femmes domestiques indonésiennes -- les Emirats arabes unis, le Qatar, Bahreïn et l'Egypte, selon le ministre indonésien du Travail, Hanif Dhakiri, cité par des médias locaux.
Jakarta, qui se plaint depuis longtemps du traitement réservé à ces femmes, avait déjà imposé un moratoire en 2011 sur l'émigration de nouveaux domestiques en Arabie Saoudite, à la suite de la décapitation de l'un d'eux.
La nouvelle réglementation devrait être permanente. Mais les domestiques qui travaillent déjà dans ces pays seront autorisés à y rester.
"Selon la loi, le gouvernement a le droit d'interdire l'envoi de travailleurs migrants dans certains pays, s'il pense que leur travail est dégradant pour les valeurs humaines et la dignité de la nation", a ajouté M. Dhakiri, cité par l'agence nationale Antara.
Les domestiques indonésiennes sont attirées par de meilleures conditions financières proposées par ces pays mais sont souvent victimes d'abus physiques, voire d'esclavage, selon des ONG.
Le ministre a relevé "de nombreux problèmes" rencontrés par les Indonésiens travaillant à l'étranger, concernant "les normes du travail et les violations des droits humains", a-t-il ajouté, citant le cas de deux Indonésiennes condamnées pour meurtre et exécutées en avril, à quelques jours d'intervalle.
Le ministère indonésien des Affaires étrangères avait convoqué l'ambassadeur d'Arabie Saoudite après les exécutions, pour se plaindre de ne pas avoir été préalablement informé. La peine de mort est également appliquée en Indonésie.
L'archipel d'Asie du Sud-Est va par ailleurs durcir les conditions d'envoi de travailleurs indonésiens dans des pays d'Asie-Pacifique, notamment en établissant une liste noire d'agences de recrutement.
Le président indonésien, Joko Widodo, qui a pris ses fonctions en octobre dernier, avait déclaré en février que l'émigration de domestiques indonésiennes à l'étranger serait interdit à l'avenir, sans mentionner de date. De telles promesses avaient déjà été faites par certains de ses prédécesseurs.
5 mai 2015
Source : AFP