jeudi 4 juillet 2024 06:23

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Des oulémas se penchent à Bruxelles sur l'adaptation de la jurisprudence islamique au contexte européen

Des oulémas et chercheurs de disciplines diverses tentent, mardi et mercredi à Bruxelles, de repenser la jurisprudence islamique pour qu'elle s'adapte au contexte européen et apporte des réponses claires, sans équivoques, aux nombreuses interrogations des musulmans établis en Europe.

Pour Khalid Hajji, président du Conseil d'administration du Conseil européen des Ouléma marocains (CEOM), qui organise un débat de deux jours sur cette question, l'influence de la réalité européenne sur le fiqh (jurisprudence) des minorités (musulmans en Europe) revêt aujourd'hui une importance capitale.
Relevant que cette influence est visible sur la manière dont les oulémas envisagent les avis juridiques, il a insisté sur l'impératif de repenser mutuellement le rapport de la religion au droit international et celui des musulmans à la majorité de la population européenne.

Il faut, dans un monde où il n'y a plus de frontières géographiques, de voir dans quelle mesure le fiqh des minorités peut accompagner les musulmans établis en Europe, sans pour autant déstabiliser le rapport avec la société où ils vivent et où sont soumis à des lois qui régissent les différences, a souligné M. Hajji.

A partir de ce constat, le fiqh a pour rôle de proposer des solutions pratiques pour les grands questionnements des musulmans, a-t-il souligné notant que la jurisprudence ne peut de ce fait être figée, mais doit plutôt être en adéquation avec l'esprit du temps et les textes religieux.

Il a cité à cet effet l'exemple de la naturalisation, rappelant qu'il y 'avait un temps où les oulémas l'interdisaient, mais maintenant cette question est révolue'', en raison essentiellement de la confrontation avec la réalité vécue par les musulmans dans les sociétés européennes.

Pour Taher Tujgani, président du CEOM, le fiqh des minorités, appelé également fiqh de la coexistence ou encore de la citoyenneté, pose d'épineuses questions dans la mesure où la personne habilitée à exercer cette jurisprudence se trouve confrontée, d'une part, à de véritables problématiques liées au fiqh et, de l'autre, à des questions qui trouvent leurs justifications dans le contexte européen.

C'est ainsi, avant d'émettre des avis religieux, les oulémas sont tenus d'avoir une compréhension parfaite et exhaustive de la réalité européenne et recourir aux spécialistes dans chacun des points problématiques qui requièrent une jurisprudence, a-t-il relevé. Car, a-t-il expliqué, nombre d'avis religieux ne peuvent s'appliquer à toutes les époques et à tous les pays.

Il est de ce fait impératif de reconsidérer la jurisprudence religieuse telle qu'elle est pratiquée aujourd'hui par certains, en vue de mieux accompagner les changements accélérés dans les sociétés et les lois des pays d'accueil, a plaidé M. Tujgani, insistant sur la nécessité de se pencher sur la compréhension de l'histoire de la pensée européenne, des spécificités de chaque pays et de la nature des institutions.

Dans le même ordre d'idée, Idriss El Fassi El Fihri, professeur à l'Université Al Quaraouiyine, a affirmé que la parfaite connaissance du contexte est une condition sine qua non avant de produire un avis religieux, faisant remarquer que lorsque les oulémas changent leurs avis religieux selon l'époque et le contexte ils n'enfreignent nullement le texte religieux.

Mais avant de se prononcer, il est essentiel de mesurer la réalité par des outils scientifiques et de faire la différence entre coutumes et traditions sociales d'une part et textes religieux de l'autre, a-t-il insisté.
Il convient également à ses yeux, de s'arrêter longuement sur les concepts et les méthodologies en opérant un tri minutieux entre le vrai du contradictoire et de tout ce qui a fait l'objet d'une sorte de transposition conceptuelle. Car parfois, conclut-il, certains concepts trahissent la signification originale.
La conférence, qui réunit des chercheurs de nombreux pays, débattra deux jours durant de nombreuses thématiques liées aux approches diachroniques et synchroniques de la jurisprudence islamique, aux spécificités du statut juridique de l'islam en Europe, des fondements de fiqh des minorités, des applications de la jurisprudence islamique ou encore du devenir du fiqh des minorités.

05 mai 2015

Source : MAP

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