Les participants à une conférence-débat sur le thème "Maroc-France : quels partenariats dans un monde globalisé ?", tenue lundi soir à Paris, ont appelé au renforcement du partenariat bilatéral afin de l'ériger en locomotive de la coopération entre les deux rives de la Méditerranée.
Les intervenants lors de cette rencontre, organisée par l'Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), avec la participation de chercheurs et hommes politiques et en présence notamment de l'ambassadeur du Maroc en France, Chakib Benmoussa, ont mis l'accent sur la multiplication des défis dans la région méditerranéenne, dont l'immigration, le terrorisme et les questions liées à l'environnement, relevant que les relations historiques entre le Maroc et la France peuvent jouer un rôle central dans la réactivation de la coopération multilatérale dans la région.
Mohamed Tawfik Mouline, directeur général de l'Institut royal des études stratégiques (IRES), a mis en exergue le caractère multiforme des relations solides entre la France et le Maroc, notant que la France constitue le premier client du Maroc et son 2ème fournisseur, sans oublier l'importance des diasporas respectives des deux pays et l'histoire commune liant les deux peuples.
Cette relation privilégiée doit être renforcée et réinventée afin de s'adapter aux nouveaux paramètres géostratégiques, dont "le déplacement progressif des centres de gravité vers les pays émergents dans un monde de plus en plus multipolaire, la révolution numérique, le changement climatique et les défis sécuritaires", a-t-il estimé.
Dans ce sens, M. Mouline a relevé que le Maroc, en tant que force émergente, "dispose de priorités stratégiques, en particulier l'intégration euro-méditerranéenne, l'ouverture sur l'Afrique subsaharienne et le renforcement de la dimension stratégique atlantique", soulignant que le partenariat maroco-français doit s'élargir pour favoriser de véritables coopérations tripartites France-Maroc-Europe et France-Maroc-Afrique au service des intérêts des deux pays et de la stabilité et de la prospérité de la région.
Pour sa part, Kader Abderrahim, chercheur associé à l'IRIS et maître de conférences à Sciences Po, a rappelé les liens privilégiés entre Paris et Rabat, qui se traduisent, entre autres, par "le soutien constant de la France au Maroc sur le dossier du Sahara et son appui à la proposition marocaine d'autonomie, considérée par la France comme une solution sérieuse et crédible à ce conflit".
Il a également indiqué que les relations franco-marocaines ont atteint "la phase de résilience" leur permettant de dépasser les éventuelles perturbations, ajoutant que la relance des relations bilatérales intervenue après la dernière brouille diplomatique s'est faite sur de nouvelles bases consacrant les principes de souveraineté et de respect mutuel entre les deux pays, des éléments clés de l'accord sur l'amendement à la convention d'entraide judiciaire ayant permis le rétablissement de la coopération juridique et judiciaire entre la France et le Maroc.
Intervenant à ce sujet, l'ambassadeur du Maroc en France, Chakib Benmoussa, a fait remarquer que le précédent accord souffrait de dysfonctionnements qui nécessitaient un amendement afin de jeter les bases d'une coopération judiciaire beaucoup plus équilibrée, ajoutant que cet amendement, qui est soumis à l'approbation des parlements des deux pays, a été élaboré dans le respect des conventions internationales et des législations du Maroc et de la France.
Par ailleurs, il a appelé "à intégrer de plus en plus, dans la relation France-Maroc, les composantes régionales, notamment le Maghreb dont l'édification devient plus que jamais une nécessité, mais aussi la dimension européenne et africaine", dans le but de faire de la Méditerranée occidentale un espace de coopération central entre les deux continents.
A cet égard, Pouria Amirshahi, député de la 9ème circonscription des Français établis hors de France et vice-président du groupe d'amitié France-Maroc de l'Assemblée nationale, a plaidé pour une "gestion commune de l'espace méditerranéen basée sur le dialogue directe entre l'Europe et les pays de la rive sud", notant que l'Europe se doit de raffermir ses liens avec les puissances émergentes en Afrique, notamment le Maroc, afin de trouver des réponses aux enjeux de l'immigration et de l'environnement et aux défis sécuritaires.
Il s'agit de développer une véritable stratégie euro-africaine, dans laquelle la relation Maroc-France est primordiale, a-t-il souligné, appelant, en outre, à mettre à contribution les compétences des Marocains installés en France et des Français installés au Maroc en vue de favoriser le partenariat économique et le co-développement entre les deux pays.
05 mai 2015
Source : MAP