Des bouddhistes nationalistes ont prévu de manifester mercredi en Birmanie pour dénoncer les "pressions internationales" en faveur du sauvetage des migrants, a annoncé un moine influent.
"Nous allons manifester contre certains pays étrangers qui essayent de faire pression (sur la Birmanie) pour qu'elle accepte des réfugiés, comme s'ils venaient de notre pays alors que ce sont des boat people du Bangladesh", a déclaré mardi l'influent moine Pamaukkha.
Les Rohingyas, minorité musulmane apatride, fuient par milliers la Birmanie depuis des violences antimusulmanes meurtrières en 2012.
Cette minorité estimée à 1,3 million de personnes en Birmanie n'a accès ni aux écoles, ni aux hôpitaux, ni au marché du travail.
Les Rohingyas sont largement considérés en Birmanie comme des immigrés illégaux du Bangladesh voisin, même quand ils sont installés sur le territoire birman depuis des générations.
La Birmanie a annoncé mardi l'expulsion imminente vers le Bangladesh voisin de quelque 200 migrants bangladais secourus en mer la semaine dernière, sous la pression internationale, ce qui a enflammé la colère de moines bouddhistes extrémistes.
Le plus virulent d'entre eux, le moine Wirathu, connu pour ses diatribes antimusulmanes, a dénoncé la semaine dernière sur sa page Facebook un accueil réalisé "sous la pression internationale". "Si l'on porte secours à ces gens, le danger viendra", ajoutait-il.
"Nous ne voulons pas ici de ceux qui se prétendent des réfugiés ou des Bangladais, dans une tentative de dominer la Nation et son peuple. Nous devons les renvoyer maintenant", a insisté le moine Pamaukkha, reprenant la rhétorique classique de ce mouvement nationaliste selon laquelle la minorité musulmane menace de prendre le pas sur la majorité bouddhiste du pays en raison de son fort taux de natalité.
Sous l'influence de moines influents comme Wirathu, la Birmanie a d'ailleurs adopté il y a quelques jours une loi controversée de contrôle des naissances visant d'après les ONG la minorité rohingya.
Le sujet est tabou en Birmanie, au point que la Prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi est restée muette sur la crise des migrants depuis son éclatement début mai.
26 mai 2015
Source : AFP