L'Assemblée parlementaire de la méditerranée (APM) a tenu, mardi à Rabat, une rencontre destinée à examiner les défis de l'extrémisme, du terrorisme et de l'immigration clandestine en Méditerranée.
Lors de cette rencontre abritée par la Chambre des conseillers, sous le thème "l'extrémisme, le terrorisme et les tragédies de l'immigration clandestines en Méditerranée : quelles politiques pour faire face à ces défis renouvelés", le président de la Chambre des conseillers, Mohamed Cheikh Biadillah, a souligné que cette réunion offre l'occasion de débattre des défis communs aux pays de deux rives de la Méditerranée et des moyens d'y faire face, notamment les défis sécuritaires liés au terrorisme comme Daech, Al-Qaida et les groupes sévissant dans la zone du Sahel et du Sahara.
La réunion est l'occasion aussi d'évoquer la question de l'immigration clandestine et ses points de transit, en l'occurrence la Grèce, l'Italie et le Maroc, a ajouté M. Biadillah, notant à cet égard que l'agence de surveillance des frontières de l'Union européenne (Frontex) a mis en avant les efforts déployés par le Maroc et l'Espagne pour éviter les drames de l'immigration clandestine.
La rencontre de l'APM est destinée également à examiner nombre de questions revêtant un intérêt primordial pour les pays de la région notamment les défis climatiques.
Selon M. Biadillah, la réunion de Rabat devra se pencher sur les préparatifs de la Conférence des Nations-unies sur les changements climatiques (COP-21), prévue du 30 novembre au 11 décembre 2015 à Paris, et de la COP 22 prévue à Marrakech l'année prochaine, ainsi que les moyens de renforcer le rôle des parlementaires dans l'élaboration de législations contraignantes visant à préserver l'avenir de la planète.
Les droits des réfugiés et des immigrés focalisent aussi l'attention de cette réunion, en particulier les efforts des Etats d'accueil tels la Grèce, la Jordanie, le Liban et le Maroc, a-t-il noté, citant à cet égard la nouvelle politique migratoire lancée par SM le Roi Mohammed VI pour préserver le droit des immigrés notamment les enfants.
Le président de la Chambre des Conseillers a appelé, dans ce cadre, l'Europe à adopter une politique de voisinage équilibrée entre les pays du Sud de la Méditerranée et l'Europe de l'Est.
Intervenant de son côté, le président de la Chambre des Représentants, Rachid Talbi Alami, a estimé que l'absence de démocratie et du pluralisme politique, l'exclusion des citoyens de la gestion de la chose publique favorisent l'extrémisme, le terrorisme et les tragédies de l'immigration clandestine, notamment parmi les jeunes qui constituent des proies faciles aux adeptes des idées extrémistes.
Il a mis l'accent, dans ce contexte, sur la nécessité de promouvoir la démocratie et le pluralisme dans la région, de favoriser un processus d'édification d'institutions représentatives et de faciliter la création de partis politiques crédibles, en vue d'absorber ces fléaux. De même, a-t-il dit, des efforts sécuritaires et de renseignement communs fondés sur le respect des lois intérieurs et des droits de l'Homme doivent être déployés.
S'agissant de la question de l'immigration clandestine, M. Talbi Alami, qui a rappelé le drame survenu ces dernières semaines en Méditerranée, a souligné la nécessité de faire face aux réseaux de la traite humaine à travers une stratégie efficace.
La lutte contre ce fléau est une responsabilité commune nécessitant des investissements ainsi qu'un partenariat transméditerranéen et Nord- Sud, a affirmé M. Talbi Alami, notant l'impératif de mettre en place un nouveau modèle pour le développement du continent africain, de la rive Sud de la Méditerranée et de la Méditerranée orientale, en favorisant le transfert de technologie, le but étant d'améliorer la productivité et de transformer les potentialités de ces régions en richesse.
En tant que représentants des peuples, il est de notre devoir de proposer des politiques et d'élaborer des lois à même de pousser les gouvernements et les organisations internationales à mettre en œuvre des politiques et des mesures efficientes et opérationnelles pour faire face à ces défis communs, a assuré le président de la Chambre des Représentants.
Pour sa part, la vice-présidente de l'APM, Maria Conceicao Pereira, a souligné l'ampleur des défis à relever, notamment ceux liés aux conflits armés dans la région et aux problèmes économiques, notant que les peuples notamment les jeunes générations aspirent à une vie meilleure et voient en Europe l'endroit idoine où ils peuvent concrétiser leur rêve.
Cette situation provoque une vague d'immigration clandestine avec malheureusement des drames quotidiens causant la mort de centaines de personnes hommes, femmes et enfants, a-t-elle déploré.
Les gouvernements de l'UE et les organisations internationales et africaines, ainsi que la Ligue des Etats arabes sont appelés à promouvoir la paix et la stabilité et à soutenir le développent économique de ces pays, de les aider à se doter d'un meilleur système éducatif et de s'assurer une sécurité alimentaire, le but étant d'encourager les candidats à l'immigration clandestine à rester chez eux.
En même temps, il importe d'agir face aux trafiquants qui profitent des malheurs de ces personnes pour s'enrichir, a-t-elle ajouté, notant le rôle des parlementaires, qui incarnent le pouvoir législatif, dans l'élaboration de lois efficaces à même de lutter contre ce fléau.
Le ministre égyptien adjoint aux affaires parlementaires, Ezz El Din Fahmy, a, quant à lui, souligné que la région de la Méditerranée et le monde entier vivent au rythme d'évolutions et de défis dangereux, notant que la lutte contre le terrorisme et l'immigration clandestine nécessite de conjuguer les efforts de tous les Etats de la région.
Dans ce sens, il a appelé la communauté internationale et les pays développés à soutenir les pays du sud à travers un véritable partenariat pour ouvrir de nouvelles perspectives économiques et favoriser un avenir prometteur à même d'encourager les jeunes à rester chez eux pour contribuer au développement de leurs pays.
Les participants à cette rencontre vont débattre au cours de cette réunion des "défis sécuritaires dans la région méditerranéenne", de "la lutte contre le terrorisme", de "l'immigration clandestine : pour un dialogue politique renforcé entre les pays d'origine, de transit et d'accueil", de "la coopération économique multilatérale, le co-développement et la lutte contre l'exclusion sociale : facteurs essentiels de la réussite des politiques de lutte contre le radicalisme et le terrorisme", et de "la Méditerranée : une région dont le développement est fortement conditionnée par l'environnement".
26 mai 2015
Source : MAP