Les Européens doivent faire davantage d'efforts pour aider les migrants qui traversent la Méditerranée, a estimé mardi le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, avant une visite auprès de l'Union européenne qui attend le feu vert des Nations unies à une opération navale contre le trafic de migrants.
L'Europe "peut fournir plus d'aide", a déclaré M. Ban lors d'une conférence de presse conjointe à Dublin avec le Premier ministre irlandais, Enda Kenny, appelant à un renforcement des opérations de sauvetage en Méditerranée.
"J'exhorte les dirigeants européens à résoudre ce problème d'une manière plus complète et collective", a-t-il ajouté, précisant que toute approche devrait également s'attaquer aux "racines" du problème dans les pays d'origine.
"Nous devons tout d'abord faire de notre mieux pour sauver des vies", a martelé le secrétaire général de l'ONU qui devait dîner dans la soirée avec les ministres européens du Développement à Bruxelles.
La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, est allée dans son sens, disant vouloir évoquer avec lui "un sujet très important, qui est le lien entre le développement, la coopération et les migrations".
"Nous disons toujours qu'il faut s'attaquer aux racines du problème (...) aujourd'hui, avec les ministres du Développement et Ban Ki-moon, nous avons une bonne occasion de regarder comment l'UE et les pays partenaires, en particulier en Afrique, peuvent dégager plus de perspectives pour les citoyens africains", a-t-elle dit.
L'Union européenne a décidé la semaine dernière de mettre sur pied une opération navale militaire, EU Navfor Med, pour combattre les trafiquants qui font passer les migrants d'un côté à l'autre de la Méditerranée.
Cette mission, qui va entraîner le déploiement de navires de guerre et d'avions de surveillance des armées européennes au large de la Libye, requiert l'accord du Conseil de sécurité des Nations unies.
M. Ban s'y était opposé, rejetant fin avril toute "solution militaire à la tragédie qui est en train de se produire en Méditerranée". Il avait au contraire demandé que l'UE ouvre les voies de l'immigration légale pour résoudre cette crise.
Le dossier migratoire doit figurer au menu des discussions que le secrétaire général de l'Onu doit avoir mercredi à Bruxelles avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le président du Conseil européen, Donald Tusk.
La Commission européenne doit aussi préciser mercredi ses propositions visant à une répartition plus équitable entre les États membres de demandeurs d'asile affluant en Grèce et Italie et de réfugiés syriens. Ce plan se heurte à des fortes réticences parmi les 28, notamment de Londres.
Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 34.500 migrants et demandeurs d'asile sont arrivés en Italie depuis le début de l'année et quelque 1.770 sont morts ou ont disparu en mer, soit plus de la moitié des près de 3.300 morts enregistrés en 2014.
La lutte contre le réchauffement climatique figurera aussi à l'agenda des discussions entre M. Ban et ses interlocuteurs européens.
26 mai 2015
Source : AFP