Les intervenants dans le cadre de cette rencontre ont souligné que l'approche des différentes problématiques auxquels font face les Musulmans dans leur pays d'accueil, passe nécessairement par une réforme de la formation des Imams.

Ils ont relevé que cette formation est appelée à s'ouvrir sur les sciences humaines, les autres religions, les langues et la communication et à s'adapter aux réalités du contexte européen.

Les participants à cette rencontre ont en outre, souligné le rôle central des imams dans le contexte européen malmené par les logiques d'exclusion.

Ils ont relevé que les imams ont la délicate tâche de faciliter le dialogue avec les autres religions et d'appuyer l'intégration des Musulmans dans leur pays d'accueil tout en prenant en considération les spécificités et la réalité européenne, foncièrement différente de celle du monde islamique.

Ils ont par ailleurs, noté que la diversité des références islamiques donnant lieu parfois à des avis (fatwas) contradictoires, constitue un des grands défis pour les Musulmans établis en Europe.

Les participants ont en outre, mis en relief le modèle marocain de formation des Imams, Un modèle qui prône un Islam modéré, ont-ils ajouté.

"L'imam doit être suffisamment armé d'offre juridictionnelle islamique pour être en mesure de s'acquitter convenablement de sa mission", a relevé à cette occasion, le secrétaire général du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), Abdellah Boussouf, qui a mis en relief les énormes efforts consentis par les imams en Europe en dépit de plusieurs défis existant.

"Les lois européennes positives stipulent une égalité totale entre toutes les composantes de la société dont les Musulmans. Cependant force est de constater que la réalité pose plusieurs problématiques au niveau de l'application de ces lois", a-t-il ajouté.

M. Boussouf a par ailleurs, soulevé la question de la représentativité des Musulmans dans les pays européens, qui constitue une véritable problématique.

Cette rencontre offre l'occasion pour réfléchir collectivement sur plusieurs questions dont celle des discours radicaux qui fascinent les jeunes musulmans et les mène dans les gouffres du terrorisme et de l'intégrisme, a-t-il ajouté.

"L'Islam est un projet de vie et non un projet de mort", a-t-il affirmé dans ce contexte.

Le président du Conseil européen des oulémas marocains, en Belgique, Tahar Tajkani, a pour sa part, fait observer que la réalité européenne se caractérise par sa complexité.

"Certains cas sont incompréhensibles pour les Musulmans mais sont tout à fait acceptables pour les Européens". Ces cas nécessitent une prise de conscience des besoins et exigences de la réalité européenne de la part des Imams pour pouvoir émettre des avis juridiques opportuns, a-t-il ajouté.

Organisé par le CCME, cette rencontre connait la participation d'une soixantaine d'imams Marocains en provenance notamment de France, d'Espagne, de Belgique, des Pays-Bas, d'Italie, du Danemark et d'Allemagne. Ces imams participent aux ateliers animés par des encadrants chercheurs et spécialistes de la religion.

Lors de cette rencontre, les participants tenteront de répondre à plusieurs questions d'actualité portant notamment sur les problématiques que rencontrent les jeunes marocains de l'immigration, les motivations qui poussent ces jeunes à rejoindre les zones de conflit, le diagnostic du discours et des thèses qui dominent le paysage intellectuel et religieux de la communauté musulmane, les efforts des intellectuels pour comprendre les racines, les contextes et les enjeux de ces discours, les formations des Imams pour prendre conscience du nouveau contexte et faire face à ces problématiques, les alternatives de communication pour dissocier la religion du registre du terrorisme, de l'extrémisme et des stéréotypes dominants et le discours religieux dédié aux jeunes issus de l'immigration.

30 mai 2015

Source : MAP