La France et l'Allemagne ont rejeté lundi la proposition de la Commission européenne sur l'accueil des demandeurs d'asile dans l'UE, tandis que François Hollande, Angela Merkel et le président de la Commission Jean-Claude Juncker se sont retrouvés dans la soirée à Berlin.
Cette réunion, officiellement consacrée aux défis de l'économie numérique, en présence d'une vingtaine d'industriels européens, devait également permettre d'évoquer le dossier grec et les réformes de l'UE souhaitées par le Premier ministre britannique David Cameron.
Dans de courtes déclarations à la presse, les trois dirigeants ont vanté les bienfaits de l'économie numérique. François Hollande a souhaité voir l'Europe "porter une exigence de croissance à moyen et long termes" et "faire que la lutte contre le chômage soit l'objectif de toutes (ses) décisions".
La rencontre, entamée à 16H15 GMT, devait se poursuivre dans la soirée par un dîner de travail d'environ deux heures, au cours duquel le sujet de l'immigration risquait de s'inviter dans les discussions. L'équilibre "n'est pas encore atteint" dans la proposition faite la semaine dernière par la Commission européenne sur l'accueil des demandeurs d'asile dans l'UE, ont estimé dans un communiqué commun lundi la France et l'Allemagne.
La Commission européenne a demandé mercredi aux pays membres de l'UE de prendre en charge 40.000 demandeurs d'asile originaires de Syrie et d'Erythrée arrivés en Italie et en Grèce, ainsi que 20.000 réfugiés syriens. La répartition doit être calculée en fonction de la population et du PIB des Etats, de leur taux de chômage et du nombre des demandeurs d'asile déjà accueillis.
"Des discussions approfondies seront nécessaires au niveau européen" pour parvenir à cet équilibre entre "responsabilité" et "solidarité", ont estimé les ministres français et allemand de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve et Thomas de Maizière. Selon eux, il faudrait "mieux prendre en compte les efforts déjà effectués".
"Actuellement, cinq Etats membres se partagent 75% des demandeurs d'asile : la France et l'Allemagne, la Suède, l'Italie et la Hongrie", ont-ils insisté, affirmant qu'une telle situation "n'est plus soutenable".
Responsabilité du blocage
Autre sujet du jour : la Grèce. La réunion des dirigeants des deux premières économies de la zone euro, avec M. Juncker, intervient après une conversation téléphonique à trois entre la chancelière, le président français et le Premier ministre grec Alexis Tsipras, dimanche soir.
Les négociations piétinent entre ce pays au bord du défaut de paiement et ses créanciers, les membres de l'UE et le FMI. Ces derniers réclament des réformes concrètes pour améliorer la compétitivité de l'économie grecque, et des mesures d'économies budgétaires, avant de débloquer une dernière tranche d'aide de quelque 7,2 milliards d'euros, sur les 240 milliards d'euros consentis depuis 2010.
Vendredi, au cours d'un G7 Finances à Dresde (Est), Washington a appelé toutes les parties impliquées à "bouger", tandis que l'éventualité d'un défaut de paiement dans les prochains jours a alimenté les conjectures sur une sortie de la Grèce de la zone euro.
"Je serais très étonné que (la Grèce) ne soit pas" au coeur des discussions lundi soir, a affirmé M. Juncker au quotidien Süddeutsche Zeitung.
A Berlin, on a qualifié de "discussion constructive" l'entretien téléphonique de dimanche soir. Dans l'entourage du président français, on soulignait qu'il s'agissait d'un "point de situation comme on en fait régulièrement", Athènes parlant de "bon climat".
Mais la Grèce et ses créanciers continuaient de se renvoyer la responsabilité du blocage.
Alexis Tsipras a dénoncé "les solutions déraisonnables" que tentent d'imposer les institutions (UE, BCE, FMI) à son pays, les appelant à "des concessions", dans un entretien dimanche avec le quotidien Le Monde.
Le commissaire européen Günther Oettinger, un Allemand proche de Mme Merkel, a exclu une percée dans une interview accordée au quotidien Die Welt : "les désaccords sur des sujets centraux comme le marché du travail et le système de retraites sont encore trop importants".
Autre sujet probablement abordé lundi soir : les projets de réforme pour l'UE du Premier ministre britannique. David Cameron, qui va organiser d'ici à 2017 un référendum sur le maintien ou non du Royaume-Uni dans l'UE, souhaite obtenir des concessions de ses partenaires pour une Union européenne moins bureaucratique, plus ferme sur l'immigration, avec une modification des traités.
Mme Merkel, déterminée à garder le Royaume-Uni dans l'UE, a jugé possible vendredi une telle modification de traités, alors que cette option fait figure de chiffon rouge dans plusieurs capitales européennes, dont Paris.
01 juin 2015,Daniel ARONSSOHN
Source : AFP