L'ambassadeur de la Libye aux Nations Unies a indiqué mardi que son gouvernement refusait de donner son consentement à toute action de l'ONU destinée à soutenir l'opération militaire envisagée par l'Union européenne contre les trafiquants de migrants en Méditerranée.
Ibrahim Dabbashi a indiqué à l'AFP que tant que les gouvernements européens discuteront de leur projet avec les milices libyennes qui contrôlent les régions côtières du pays, le gouvernement libyen n'accordera pas son feu vert à une résolution.
"La position de la Libye est claire: tant que l'Union européenne et d'autres pays ne s'entretiendront pas avec le gouvernement légitime comme seule représentation de la population libyenne, ils n'auront pas notre accord", a affirmé l'ambassadeur.
La destruction de bateaux fait partie des mesures envisagées par l'Union européenne, qui a décidé le 18 mai de mettre sur pied une opération navale pour "casser" l'activité des réseaux de trafiquants qui gèrent les traversées de migrants en Méditerranée, après une série de naufrages meurtriers.
En avril, plus de 1.200 migrants sont morts, dont 750 dans l'une des pires tragédies maritimes depuis des décennies.
Cette opération, qui envisage de "neutraliser" les embarcations utilisées par les passeurs, requiert un feu vert du Conseil de sécurité de l'Onu.
Les membres européens du Conseil de sécurité --Royaume-Uni, France, Lituanie et Espagne- oeuvrent avec l'Italie à la préparation d'un projet de résolution afin de valider l'opération européenne, en autorisant l'utilisation de la force dans les eaux territoriales libyennes.
Mais ce projet de résolution requiert que le gouvernement libyen donne son accord préalable à cette opération, qui pourrait également être menée dans les régions côtières du pays.
"Je pense que cette résolution n'aboutira jamais", a estimé M. Dabbashi.
Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, avait réitéré la semaine dernière ses réticences concernant cette opération navale, estimant qu'il y avait "peut-être d'autres façons" de régler la crise des migrants. Il s'exprimait après une rencontre à Bruxelles avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.
Deux gouvernements --l'un à Tobrouk reconnu par la communauté internationale et un autre à Tripoli- se disputent le pouvoir en Libye. Les deux entités rivales négocient depuis plusieurs semaines, sous l'égide de l'ONU, pour tenter de former un gouvernement d'union nationale.
02 juin 2015
Source : AFP