vendredi 22 novembre 2024 15:37

Mobilisation générale après la profanation de la Grande Mosquée de Saint-Etienne

La profanation de la Grande Mosquée de Saint-Etienne (Centre de la France), en cours de finition, survenue lundi, a suscité l'émoi général des musulmans et des forces vives en France, inquiets de la multiplication des actes xénophobes et islamophobes, particulièrement dans le sillage du débat controversé sur l'identité nationale.

Des inscriptions comme "Heil Hitler", "Sales nègres, on vous aura", "Pas d'arabes ici", ainsi que des croix gammées ont été découverts sur les murs de la Grande Mosquée de la ville, qui doit ouvrir ses portes en juillet, a indiqué l'Association du "Centre socio-culturel marocain de Saint-Etienne", qui gère ce lieu de culte.

Une mosquée, "c'est un lieu de prière, c'est un lieu de paix et de tolérance", s'est indigné Larbi Marchiche, président de l'Association et futur recteur de la mosquée. "Que ce soit une église, une synagogue ou une mosquée, ils n'ont pas à faire ça", a-t-il ajouté dans une déclaration à la MAP.

M. Marchiche qui a déposé une plainte contre "X", a appelé à l'organisation, dimanche prochain dans l'après-midi, d'un rassemblement devant le siège de la future mosquée.

Le Maire de Saint-Etienne, Maurice Vincent, qui s'est déplacé sur les lieux avec Préfet et le Consul du Maroc à Lyon, a exprimé sa "plus vive émotion et son soutien à la communauté musulmane".

Réitérant son "attachement à la cohabitation harmonieuse" de tous les habitants de la ville, il a demandé, dans un communiqué, que "tout soit mis en oeuvre pour identifier et interpeller les auteurs de ce délit dans les meilleurs délais".

Le Conseil français du Culte musulman (CFCM), organe représentatif de l'islam en France, qui s'est dit "profondément indigné", a réitéré son appel aux pouvoirs publics français pour "mettre tout en oeuvre afin d'arrêter et punir sévèrement les profanateurs de ces lieux de paix, de prière et de recueillement".

Le CFCM demande "solennellement" au gouvernement "la mise en place d'une commission d'information parlementaire sur la montée de l'islamophobie en France", ajoute-il dans un communiqué.

Le Rassemblement des Musulmans de France (RMF) qui a exprimé toute sa solidarité avec la communauté musulmane de Saint-Etienne, a fait part de "sa grande inquiétude et son profond écoeurement devant ces actes lâches et barbares", exhortant les pouvoirs publics français à "prendre la mesure de la gravité de la situation devant la répétition de ces actes qui visent la communauté musulmane de France".

Dans un communiqué transmis à la MAP, le RMF appelle tous les fidèles, ainsi que les représentants des différentes composantes de la communauté nationale française, "à s'associer au rassemblement" prévu dimanche devant la Grande Mosquée de Saint-Etienne.

Pour sa part, Dalil Boubakeur, Recteur de l'Institut musulman de la Grande Mosquée de Paris a condamné ces actes qui traduisent "une violence haineuse et islamophobe à l'égard du symbole de l'islam que sont les mosquées".

Dans un communiqué transmis mardi à la MAP, M. Boubakeur appelle les pouvoirs publics "à traiter d'urgence ce phénomène si contraire aux valeurs de la République et au dévouement, sinon le sacrifice, consentis par les musulmans pour la Nation" française.

Même élan de solidarité chez la communauté juive dont le président du consistoire israélite de la région Rhône-Alpes-Centre, Marcel Dreyfus, a dénoncé un "acte odieux" visant les lieux de culte. "J'espère que la justice passera rapidement", a-t-il déclaré à la presse.

Dans la classe politique, l'ancien secrétaire national du Parti Socialise chargé de l'égalité, Faouzi Lamdaoui, s'élève contre la recrudescence "très inquiétante" des actes à caractère raciste ou islamophobe, appelant à une enquête "rapide et efficace" ainsi qu'à des "sanctions exemplaires" à l'encontre des auteurs de ces faits.

De son côté, le Mouvement contre le Racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) dit avoir appris avec "effroi et indignation" cette énième profanation, soulignant que "le mobile raciste et fasciste des auteurs de cet acte ne fait aucun doute".

Dans un communiqué parvenu à la MAP, le Mrap fait remarquer que la multiplication de tels actes "intervient dans une atmosphère globale marquée par la stigmatisation de certaines populations immigrées, des musulmans en particulier, dans le contexte du +débat sur l'identité nationale+ qui aura libéré au cours des trois derniers mois des pensées et des paroles xénophobes".

A cet égard, le Mouvement interpelle le gouvernement français pour qu'il "fasse cesser tout discours qui stigmatise les étrangers, les immigrés ou les musulmans".

L'association SOS Racisme a, quant à elle, affirmé que "la violence des inscriptions, à caractère nazi et xénophobe doit faire l'objet d'une condamnation sans faille".

Les travaux de construction de la Grande Mosquée de Saint-Etienne ont débuté en 2004 et devraient prendre fin juillet prochain. Erigé sur un terrain de 1.400 m2 et pouvant accueillir 2.000 fidèles, la mosquée est décorée, depuis mai dernier, par une équipe de 50 artisans marocains.

En l'espace de moins de deux mois, c'est la quatrième fois qu'un lieu de culte est profané en France et chaque fois ces actes suscitent une profonde indignation mais les auteurs restent introuvables.

Source : MAP

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