En vue d’une réforme de leur constitution, les Luxembourgeois sont appelés à se prononcer par référendum dimanche sur le droit de vote des jeunes et des étrangers et sur la limitation des mandats pour les ministres.
Pourquoi un référendum ?
Les Luxembourgeois votent dimanche. Ils ont à se prononcer, par référendum, sur trois questions. L’une pour autoriser ceux qui le souhaitent de s’inscrire sur les listes électorales dès l’âge de seize ans. L’autre pour limiter à dix ans la durée de participation continue à un gouvernement pour un ministre.
La dernière question a été largement la plus débattue : il s’agit de l’octroi du droit de vote aux étrangers résidents depuis plus de dix ans dans le Grand-duché, sachant qu’ils participent déjà aux élections communales et européennes. Selon l’institut national de statistiques, le Statec, 35 000 nouveaux électeurs viendraient s’ajouter aux 244 382 du pays.
Pourquoi un débat sur le vote des étrangers ?
Le Luxembourg est une curiosité en Europe. Dans ce petit pays de 563 000 habitants, 46 % sont des étrangers. Neuf sur dix sont Européens, portugais au premier chef (16,4 % de la population). De ce fait, les électeurs ne représentent que 43 % de la population.
« D’après la Constitution, la Chambre représente le pays. Comme il y a 46 % d’étrangers, il est logique qu’ils puissent se faire entendre. Quand le vote aux communales a été étendu, on nous a annoncé des étrangers à la tête de toutes les communes. Cela ne s’est pas produit, souligne le premier ministre Xavier Bettel, qui appelle à voter trois fois’oui’. Il y a des Luxembourgeois qui passent leur retraite à la Costa Brava. Eux, ils auraient leur mot à dire ici, et pas les autres ? ». Et d’insister : « Si on n’avait pas eu les non-Luxembourgeois, il n’y aurait pas de pensions avantageuses, pas de croisières de luxe pour certains ».
Le parti chrétien social (CSV) de l’ancien Premier ministre Jean-Claude Juncker, principal parti d’opposition, fait valoir qu’évoquer le vote des étrangers « crée automatiquement des clivages », alors que le pays a accueilli les étrangers sans xénophobie. Mais sa branche jeunes a au contraire appelé à voter « jo » (oui).
Dans un sondage paru début mai dans Le Jeudi, 68 % des Luxembourgeois estimaient que l’identité du pays serait bouleversée par l’extension du droit de vote.
PAS DE QUESTION SUR LE FINANCEMENT DES CULTES
Originellement, le référendum portait une quatrième question sur la question du maintien du financement par l’État des salaires et pensions des officiers des cultes. Elle a été retirée après un compromis négocié en janvier, instaurant une enveloppe globale de financement de la vie religieuse. Le financement d’État sera cependant divisé par trois (passant de 24 à 8 millions d’euros) et sera réparti au prorata entre les différentes communautés catholique, protestante, anglicane, orthodoxe, israélite, auxquels s’ajoutera le culte musulman.
5/6/1, MARIE VERDIER
Source : La Croix