La Turquie refuse l'installation sur son sol des camps d'accueil et d'enregistrement des migrants souhaités par l'Union européenne (UE) pour faire face à la crise des migrants, a annoncé lundi son Premier ministre Ahmet Davutoglu.
"Nous avons dit aux Européens qu'il n'y aura aucun centre d'accueil en Turquie", a déclaré M. Davutoglu dans un entretien accordé au quotidien Hürriyet en marge de l'Assemblée générale des Nations unies à New York.
L'installation de tels centres est "inacceptable" et "inhumaine", a jugé M. Davutoglu.
Lors d'un sommet extraordinaire mercredi, les dirigeants de l'UE sont convenus de renforcer leurs frontières extérieures face à l'afflux de migrants, notamment en installant des centres d'accueil et d'enregistrement ou "hotspots" en Italie et en Grèce.
Ils ont également annoncé mobiliser au moins 1 milliard d'euros supplémentaires à destination du Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) et au Programme alimentaire mondial (Pam) pour aider les réfugiés dans les pays voisins de la Syrie.
M. Davutoglu a écarté lundi l'idée pour son pays de recourir à cette aide. "Nous ne voulons pas l'accepter", a-t-il tranché.
Le chef du gouvernement islamo-conservateur turc a une nouvelle fois exprimé sa préférence pour la création d'une "zone de sécurité" le long de la frontière turco-syrienne pour accueillir les réfugiés syriens sur leur propre sol, une idée écartée par ses alliés.
"Si le secteur d'Azaz à Jarablus est nettoyé (des combattants du groupe jihadiste Etat islamique), nous pouvons installer trois villes qui pourraient chacune accueillir 100.000 personnes", a suggéré M. Davutoglu. "Vous (les Européens) pouvez prendre en charge leur coût et nous pouvons les construire", a-t-il ajouté.
La Turquie a accueilli officiellement 2,2 millions de Syriens depuis le début de la guerre civile meurtrière qui agite son voisin et dépensé 6,6 milliards d'euros à cette fin.
Le Premier ministre turc a par ailleurs indiqué lundi que son pays allait mettre en place un "groupe de travail" avec l'Allemagne, la destination favorite de nombreux migrants, pour faire face à la crise migratoire actuelle.
"Nous allons d'abord établir un mécanisme bilatéral qui pourra être étendu à la Grèce si nécessaire", a indiqué M. Davutoglu, qui s'est entretenu avec la chancelière allemande Angela Merkel pendant le week-end à New York.
28 sept 2015
Source : AFP