Secouer les esprits et susciter des interrogations auprès de l'opinion publique sur le thème de l'immigration, est l'objectif que se fixe le collectif "24 heures sans nous”, à travers l'organisation le 1er mars en Italie d'une journée nationale sans immigrés.
Trop souvent mal jugés et victimes d'intolérance et de racisme, les immigrés en Italie, mais également de France, en Grèce et dans d'autres pays européens, se sont concertés pour se donner la main, le temps d'une journée, pour faire prendre conscience de leur rôle dans le développement des économies des pays dans lesquels ils vivent et travaillent.
En Italie, cette journée mettra, côte à côte, les immigrés, des citoyens italiens et des jeunes issus de la seconde génération, qui en dépit du fait qu'ils sont nés et ont grandi en Italie, continuent de subir diverses formes de discriminations.
Par cette "grève”, nous entendons nous opposer aux instruments qui se basent sur les racines culturelles ou religieuses pour justifier des politiques locales ou nationales d'exclusion et de marginalisation des étrangers, a confié à la presse un membre du collectif "24 heures sans nous”.
"Nous disons non à la politique de deux poids deux mesures”, a-t-il dit lors d'une réunion de coordination à Rome.
Quelque soixante comités de ce collectif superviseront, à travers tout le territoire italien, le déroulement de cette journée de protestation, dont le symbole est la couleur jaune. Cette couleur de l'intrigue mais aussi de la renaissance et du changement sera le signe qui distinguera les participants à ce mouvement pacifique et civilisé de protestation, a argumenté la présidente de la coordination nationale du collectif.
Des maillots, des brassards, des drapeaux, des banderoles et autres accessoires jaunes seront ainsi mis à la disposition des participants, a-t-elle indiqué.
Plusieurs partis politiques, organisations syndicales et associations de la société civile ont déjà fait part de leur intention de participer à cette journée pour défendre les droits des immigrés, une composante essentielle de la société.
Des manifestations sont notamment envisagées à Rome, à Milan, à Bologne, à Brescia mais aussi à Rosarno (sud), théâtre en janvier dernier, d'affrontements violents entre habitants et forces de l'ordre, d'une part, et saisonniers africains, de l'autre.
Ces derniers étaient employés pour la plupart illégalement dans la collecte de fruits et légumes moyennant une rémunération dérisoire. Les incidents s'étaient soldés par 67 blessés, dont la majorité parmi les immigrés subsahariens.
Victimes d'une véritable "chasse à l'homme", ceux-ci n'ont eu la vie sauve que grâce à un transfert, sous bonne escorte, vers des centres d'accueil situés dans d'autres régions de la péninsule.
Depuis l'avènement au pouvoir du gouvernement de centre droit de Silvio Berlusconi en 2008, une série de mesures ont été décrétées pour contrecarrer les flux migratoires.
Il s'agit en l'occurrence d'une loi criminalisant l'immigration clandestine et de la mise en œuvre d'un accord conclu avec la Libye permettant le refoulement en pleine mer d'embarcations de clandestins sans considération de la présence ou non parmi eux de personnes pouvant se prévaloir légitimement du statut de réfugié.
Source : aufait/MAP