A l'instar d'autres villes d'Italie, la communauté immigrée établie à Rome et sa région s'est mobilisée, lundi, pour faire entendre sa voix et interpeller l'opinion publique italienne sur sa condition et la discrimination dont elle est l'objet.
Ce fut le cas notamment lors d'un sit-in devant le siège du parlement où plusieurs représentants de cette communauté sont intervenus pour parler de leur expérience et protester contre le racisme et l'intolérance dont les immigrés sont victimes dans leur quotidien.
Lors de ce sit-in, organisé à l'appel du collectif "24 heures sans nous" qui a invité à faire du 1er mars, une journée nationale sans immigrés, les intervenants ont mis l'accent notamment sur l'importance du rôle des immigrés dans le monde du travail et leur précieux apport à l'économie du pays.
Selon une source informée citée par l'agence Ansa, 30 pc du Produit intérieur brut est lié directement ou indirectement au travail des immigrés.
Les orateurs n'ont pas ménagé également leurs critiques envers le "paquet sécuritaire" mis en Âœuvre par les autorités gouvernementales, dont l'une des manifestations est la criminalisation, depuis l'été dernier, du délit de clandestinité.
Comme convenu, la couleur jaune a dominé parmi les participants à "ce mouvement pacifique et civilisé de protestation", comme l'a qualifié la présidente de la coordination nationale du collectif "24 heures sans nous", qui a décrit le jaune comme étant la couleur de l'intrigue mais aussi de la renaissance et du changement.
"Nous ne sommes pas des criminels. En Italie, nous étudions et nous travaillons", ont clamé des intervenants dont certains appartiennent à la seconde génération.
Figuraient parmi eux tout aussi bien des travailleurs, des étudiants que des demandeurs d'asile ou autres. Ils intervenaient tant en italien que dans d'autres langues.
Tous ont été unanimes à considérer ce 1er mars comme une étape sur la voie de la consécration de leurs droits et de leurs mérites au sein de la société italienne.
Trop souvent mal jugés et victimes d'intolérance et de racisme, les immigrés en Italie, mais également de France, en Grèce et dans d'autres pays européens, se sont concertés pour se donner la main, le temps d'une journée, pour faire prendre conscience de leur condition et de leur rôle dans le développement des économies des pays dans lesquels ils vivent et travaillent.
Par cette "grève”, nous entendions nous opposer aux instruments qui se basent sur les racines culturelles ou religieuses pour justifier des politiques locales ou nationales d'exclusion et de marginalisation des étrangers, a confié à la presse un membre du collectif "24 heures sans nous”.
Quelque soixante comités de ce collectif devaient superviser, à travers tout le territoire italien, le déroulement de cette journée de protestation.
Plusieurs partis politiques, organisations syndicales et associations de la société civile avaient fait part de leur intention de participer à cette journée.
Outre Rome, des manifestations devaient avoir lieu à Milan, à Bologne, à Brescia mais aussi à Rosarno (sud), théâtre en janvier dernier, d'affrontements violents entre habitants et forces de l'ordre, d'une part, et saisonniers africains, de l'autre.
Ces derniers étaient employés pour la plupart illégalement dans la collecte de fruits et légumes moyennant une rémunération dérisoire. Les incidents s'étaient soldés par 67 blessés, dont la majorité parmi les immigrés subsahariens.
Source : Casafree/MAP