Un colloque international sur les migrations juives au Maghreb a débuté jeudi à Essaouira, avec la participation d'éminents historiens et chercheurs venant du Maghreb, du Moyen-Orient et d'Amérique du Nord.
Le colloque se propose notamment de replacer l'histoire des migrations juives au Maghreb du XVIe siècle à nos jours dans le contexte plus général des flux migratoires qui ont marqué cet espace au fil de l'histoire.
En ce sens, il s'inscrit dans les recherches engagées depuis deux décennies sur l'histoire des migrations maghrébines. Il y rencontre l'action du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger tendant à représenter, au Maroc, la voix des absents et celle de l'ensemble des communautés marocaines présentes dans le monde entier.
Le colloque bénéficie du soutien du Conseil consultatif des droits de l'homme, dont la mission est de promouvoir et de défendre les droits humains dans leur intégralité et leur indivisibilité.
"Une des principales recommandations de l'IER portait sur la nécessité de restaurer la mémoire du pays et de relire l'histoire nationale d'une manière apaisée. Les moments des grandes migrations comptent parmi ceux qui réclament le plus une telle relecture", souligne le CCDH dans une note adressée aux participants à ce colloque.
D'une part, le colloque vise à inscrire ces migrations dans une histoire des migrations communes à toutes les composantes des sociétés du Maghreb et à en faire ressortir d'autre part toutes les spécificités.
Il entend, ce faisant, poser la question du lien qui s'est noué, au Maghreb, et en relation avec cet espace, entre le fait migratoire et la construction des identités nationales et communautaires.
En d'autres termes, soulignent les différents intervenants à la séance d'ouverture, colloque ne se veut pas une rencontre supplémentaire sur l'histoire du judaïsme maghrébin, ni sur les relations entre majorité et minorité, il se veut avant tout un colloque d'histoire des migrations et d'histoire du Maghreb. Mais d'un Maghreb qui ne serait pas amputé d'une partie essentielle de sa mémoire.
Parmi les domaines d'émancipation de l'immigré maghrébin en général figure celui de la culture, notamment dans la capitale française.
A ce titre, le président du conseil de la communauté à l'étranger, M. Driss Zl Yazami, a fait remarquer que la scène musicale maghrébine a changé profondément après la seconde guerre mondiale.
"A Paris, musiciens et chanteurs se rencontrent et découvrent d'autres traditions maghrébines, mais également les modes et instruments occidentaux. Ils s'émancipent de la fascination moyen-orientale et contribuent à l'émergence des nouvelles musiques maghrébines", dit-il.
Evoquant l'attachement des juifs du Maroc au Royaume quel que soit leur lieu de résidence, le secrétaire général du Conseil des Communautés israélites du Maroc, M. Serge Berdugo, a attribué ce constat à l'enracinement historique et à une raison d'ordre religieux, en l'occurrence l'Islam maghrébin qui a permis aux juifs de conserver leur foi et leurs pratiques religieuses et de participer à la vie de la cité.
Par ailleurs, M. Berdugo a affirmé que la communauté juive est la seule communauté structurée vivant dans un pays arabe et musulman.
"Nos nombreux visiteurs constatent tous les jours que nos institutions héritées du passé fonctionnent aussi bien voire mieux que naguère", dit-il.
L'autre élément important pour une complète vie juive au Maroc, ajoute-t-il dit, est le maintien officiel des tribunaux rabbiniques, chargés de régir le statut personnel des juifs marocains.
La journée du vendredi sera consacrée aux trajectoires de ces migrations et les ruptures qui les ont accompagnées, parce que les migrations sont faites de ces itinéraires individuels ou collectifs.
La dernière journée est réservée à l'identité pour rappeler comment les migrations et les assignations construisent et recomposent les identités communautaires.
Par ailleurs, le colloque prévoit trois expositions et deux tables rondes autour de "la mémoire et du patrimoine" et de " l'identité et Dialogue, d'hier à demain".
Le colloque est organisé à l'initiative du Conseil de la communauté marocaine à l'Etranger et du centre Jacques Berque pour les études en sciences humaines et sociales au Maroc.
Source : MAP