Un rapport de l’ONG Médecins sans frontières (MSF), rendu public ce jeudi, 25 mars, se montre alarmé sur le niveau de violences auquel sont confrontés les migrants d’Afrique subsaharienne au Maroc. 39% des personnes recensés par l’ONG en janvier 2010 ont affirmé avoir été agressés, et entre mai 2009 et janvier 2010, une femme sur trois venues consulter l’ONG à Rabat et à Casablanca a reconnu avoir été victime de violences sexuelles.
Outre une population étudiante subsaharienne relativement importante au Maroc, de nombreux migrants d’Afrique subsaharienne tentent de transiter par le Maroc pour aller dans différents pays de l’Union Européenne (UE). Mais le passage de plus en plus difficile des frontières extérieures de l’UE, dénoncé notamment par l’agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), force nombreux d’entre eux à rester dans le pays. Dans l’absence de données officielles sur le séjour de migrants subsahariens au Maroc, MSF a effectué un recensement estimant le nombre de ceux-ci à 4500. Le rapport indique également que, dû à la crise économique et à des programmes de retour volontaire aux pays d’origine, ce nombre est en baisse depuis l’année dernière. Toutefois, le niveau de violences envers les migrants subsahariens n’est pas en baisse pour autant.
Les filles et jeunes femmes sont particulièrement exposées aux violences. Des témoignages recueillis par MSF attestent que le passage de l’Algérie au Maroc dans la région de Maghna et Oujda est un des moments les plus dangereux du périple migratoire. Dans une sorte de ping-pong humain, déjà dénoncé par le collectif d’associations Migreurop en 2008, des sans-papiers sont régulièrement arrêtés par les forces de l’ordre marocaines à Oujda et déposés en plein désert à la frontière entre le Maroc et l’Algérie. C’est là que des attaques et des viols par des bandits marocains armés ont lieu, comme le témoigne une victime dans le rapport. Dans ces endroits où l’état de droit semble inexistant, les femmes sont rendues à l’état de marchandise. Après son passage dans cette zone, un migrant subsaharien indique qu’ici, « tout se paye par le sexe. »
Les deux principales demandes exprimées dans le rapport sont d’une part, que les autorités marocaines mettent tout en œuvre pour faire respecter les droits humains et combattre ces violences, même au sein des forces de sécurité du Royaume. A la différence des pays de l’UE, le Maroc est signataire de la convention de l’ONU sur la protection des droits des travailleurs migrants et de leurs familles, mais semble accorder plus d’importance à sa propre population émigrée qu’aux droits des migrants dans le pays. D’autre part, MSF appelle les pays de l’UE à ne plus fermer les yeux sur les conséquences humaines catastrophiques d’une politique migratoire européenne de plus en plus restrictive.
Source : Yabiladi