mercredi 3 juillet 2024 10:18

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Le dialogue avec les jeunes générations, défi des cadres religieux musulmans en Europe (Driss El Yazami)

Les cadres religieux musulmans en Europe sont confrontés à plusieurs défis relatifs notamment à la capacité de dialoguer avec les jeunes générations "nées et socialisées" dans les pays européens, a souligné, lundi à Strasbourg, M. Driss El Yazami, président du Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger (CCME).

"En Europe, les cadres religieux musulmans doivent relever les défis de la maîtrise de l'histoire européenne marquée par la laïcité, de la maitrise des modalités de dialogue avec les autres confessions et écoles de pensées européennes et enfin la capacité de dialoguer avec les jeunes générations nées et socialisées dans les pays européens", a souligné M. Yazami, à l'ouverture d'un colloque international sur l'"Islam en Europe: formation des cadres, éducation religieuse et enseignement du fait religieux", initié par le CCME.

Il a, à cet égard, insisté sur l'importance de l'enracinement et l'enrichissement du culte musulman qui est devenu partie intégrante du tissu culturel et cultuel des sociétés européennes, ajoutant qu'il passe progressivement du statut d'une religion de migrants à une religion de citoyens européens.

M. Yazami a mis en avant l'intérêt de cette rencontre qui permet, à travers la rigueur scientifique et une approche sereine, à une grande compréhension mutuelle des différentes cultures et confessions.

Pour sa part, le secrétaire général du CCME, M. Abdellah Boussouf, a souligné que l'Islam en Europe "est aujourd'hui une réalité européenne qui ne peut être dissociée de l'histoire contemporaine et l'évolution future de l'Europe".

Il a, dans ce cadre, estimé que le culte musulman, comme toute religion, est avant tout un ensemble de pratiques fondées sur des idéaux qui s'interposent comme "régulateur des rapports que l'homme cultive avec ses paires, et partant avec la société".

Pour M. Boussouf, l'Islam, adopté par une partie des citoyens européens, ne doit plus être considéré comme un culte "pérégrin", soulignant que les gouvernements et les sociétés européennes sont de plus en plus convaincus de cette réalité qui exige l'adoption d'une nouvelle approche dans le traitement de l'Islam en tant que culte européen.

"En dépit de certaines positions sceptiques, l'histoire a prouvé en Europe que la convergence entre l'Islam, le christianisme, le judaïsme et d'autres courants ou doctrines religieuses est à l'origine d'un épanouissement culturel sans précédent", a-t-il tenu à faire remarquer.

Dans le même ordre d'idées, M. Boussouf a affirmé que "si l'enseignement de l'Islam commence à prendre place dans les espaces éducatifs, de formation et universitaire dans plusieurs pays européens, cette expérience représente en réalité une chance pour l'Islam et pour les pays sud méditerranéen".

Il s'agit, a-t-il expliqué, d'une épreuve qui permet de "tester" la capacité de ce culte à "s'adapter" à une société profondément marquée par son caractère laïque et séculaire et à répondre aux besoins et aux questions posées à la fois par ses adeptes et par la société.

Après avoir donné un aperçu sur le CCME qui s'assigne pour missions notamment d'assurer des fonctions de veille et de prospective sur les problématiques migratoires, il a indiqué que les questions liées aux faits engendrés partiellement ou totalement par le phénomène migratoire dans les sociétés européennes ne permettent pas uniquement de résoudre ces questions dans l'intérêt des communautés issues de l'immigration et des pays de l'Europe, mais contribuent au développement des pays du Sud de la Méditerranée.


L'action du CCME dans ce cadre, a-t-il souligné, se limite au rôle de facilitateur qui met ses compétences et son réseau de partenariat aussi bien à l'échelle marocaine qu'européenne à la disposition des institutions afin de promouvoir la coopération entre le Maroc et les instances gouvernementales et académiques européennes en matière des questions liées à la gestion du culte musulman.

Revenant sur l'intérêt du colloque, M. Boussouf a indiqué que la réflexion du CCME s'est inscrite dès le départ dans une approche participative qui a tenté d'impliquer les chercheurs, les acteurs culturels et cultuels ainsi que les responsables politiques agissant aussi bien dans les pays européens qu'au Maroc.

De son côté, Mme Gabriella Battaini-Dragoni, directrice générale pour l'Education, la Culture et le Patrimoine, la Jeunesse et le Sport du Conseil de l'Europe, a souligné la richesse que génère la diversité ethnique, culturelle et cultuelle pour l'Europe, appelant à la promotion des principes de la tolérance et de la compréhension mutuelle.

Elle a de même prôné un dialogue "régulier et franc" entre différentes composantes des sociétés européennes, tout en soulignant l'intérêt de l'ouverture, de la diversité et du respect des libertés individuelles quelles que soient les origines et les religions.

Après avoir salué l'initiative du CCME à travers l'organisation de cet "important colloque", elle a appelé les responsables notamment juifs et chrétiens à emboiter le pas et organiser des rencontres similaires.

M. Abdellah Redouane, président du Groupe de Travail "Cultes et éducation religieuse" au CCME, a, pour sa part, indiqué que bien que le culte musulman est devenu progressivement partie intégrante du tissu culturel et une composante du panorama confessionnel européen, il n'en demeure pas moins qu'un "certain malaise et une myriade d'interrogations persistent".

Selon lui, il s'agit d'incompréhensions dues au déficit de connaissance mutuelle et au décalage des perceptions ainsi que de certaines crispations de nature émotive et spéculative qui polarisent l'attention et exacerbent les passions.

Ce colloque, de deux jours, connaît la participation de 150 spécialistes dans les domaines religieux, universitaires, cultuels, culturels et associatifs venant de France, de Belgique, des Pays-Bas, de Grande-Bretagne, d'Espagne, d'Italie, d'Allemagne, du Liban et du Maroc.

Cette rencontre, organisée en collaboration avec la Grande Mosquée de Strasbourg et sous le patronage du secrétaire général du Conseil de l'Europe, vise notamment à enrichir et à mener une réflexion sur la problématique de l'éducation religieuse et de l'enseignement du fait religieux en adéquation avec les formations des cadres religieux.

Les participants se pencheront sur des questions relatives, entre autres, à la religion dans les écoles publiques européennes, aux centres de formation des cadres religieux musulmans dans l'Union européenne, à l'expérience de la formation continue en sciences religieuses, ainsi qu'au contenu scientifique et pédagogique et la formation des cadres religieux musulmans.

Ce troisième colloque international du genre traitant de l'Islam en Europe, s'inscrit dans le cadre d'une série de rencontres, initiées par le CCME et qui sont appelées à devenir une plate-forme de réflexion sur la problématique cultuelle liée à l'émigration.

Source : MAP

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