Ouvert au public depuis vendredi, le stand du Maroc au Salon du Livre de Paris ne désemplissait pas ce week-end à la faveur de la qualité et de la diversité des oeuvres exposées par les éditeurs marocains, très appréciées par les visiteurs, français ou d'origine marocaine
Des écrits philosophiques aux ouvrages pour enfants, en passant par les romans, les nouvelles, les essais et les beaux livres, l'offre marocaine dans le cadre de ce salon a le mérite de répondre aux différents goûts, suscitant ainsi l'intérêt d'un large public, curieux de découvrir, par ailleurs, la richesse de la culture et de la littérature marocaines.
Aussi étaient-ils nombreux à solliciter les dédicaces des auteurs venus présenter leurs dernières créations. Ils se prêtaient à coeur joie à cet exercice en donnant d'amples explications sur leurs écrits, dans un cadre aussi conviviale que chaleureux.
M. Bensalem Himmich a troqué pour la circonstance sa casquette de ministre de la Culture contre celle d'écrivain, sa première vocation, en présentant son dernier ouvrage "Etre en vie! et autres fragments", publié en début d'année en co-édition, au Maroc (La Croisée des Chemins) et en France (Non Lieu).
"C'est un écrit essentiellement philosophique: On y trouve, d'une part, l'aphorisme, la sagesse, la sentence qui recèle beaucoup de sens en peu de mots, et d'autre part le micro-conte traité de manière très amusante avec ironie et méditation sur la vie, sur ce qui peut arriver à tout le monde", a-t-il expliqué à la MAP.
"Chacun de nous lui arrive de se réveiller un matin en s'exclamant: je suis en vie!", a-t-il ajouté en faisant allusion au titre de l'ouvrage.
Pour M. Himmich, l'essentiel c'est comment cette exclamation est exprimée, celle-ci pouvant refléter deux états d'esprit: "le bonheur et l'émerveillement"de la personne ou alors "sa lassitude" en percevant la vie comme un "fardeau".
Optimiste de nature, M. Himmich privilégie le premier cas de figure, expliquant que son bonheur est celui de faire, autant que possible, le bonheur des autres. "Ce n'est pas toujours facile mais c'est un défi que je me lance", a-t-il affirmé.
Philosophe, romancier et scénariste, M. Himmich a à son actifs plusieurs ouvrages en arabe et en français, dont certains traduits en plusieurs langues. Il a obtenu différentes distinctions, dont le Prix de la critique arabe (1990),
le Prix Naguib Mahfouz (2002), le Prix Grand Atlas (2003), le Prix Sahrjah-UNESCO (2003) et la médaille de la Société académique Arts-Sciences-Lettres (Paris, 2009) pour l'ensemble de son oeuvre.
Dans la catégorie "Nouvelles", l'écrivaine marocaine Badia Hadj Nasser présentait son recueil "Tanger Rue de Londres", qui vient de paraître dans les éditions "Marsam".
Composé d'une douzaine de nouvelles, cet ouvrage "rend hommage à la femme arabe en général et marocaine en particulier", a indiqué à la MAP l'auteure qui y met notamment l'accent sur l'apport "révolutionnaire" de la Moudawana pour l'amélioration des conditions de la femme dans le Royaume.
Son approche en tant que psychanalyste prime dans son traitement de la relation homme-femme dans la société marocaine, en soulevant entre autres les problèmes de polygamie, de répudiation et de violence conjugale, "auxquels le code de la famille a pu apporter des solutions".
Toujours dans le même sujet, l'écrivaine et éditrice belgo-marocaine Batoul Ben El Hiouel, alias Betty-Batoul, a proposé au public un roman autobiographique où elle livre son propre témoignage en tant que femme victime de violence conjugale qui a pu s'en sortir et refaire sa vie, encourageant d'autres femmes dans la même situation, à "prendre leur destin en main et à mener leur propre combat pour un avenir meilleur".
Cet ouvrage intitulé "Un coquelicot en hiver? pourquoi pas", édité dernièrement en Belgique où il sera intégré dans les programmes scolaires à titre préventif contre le phénomène de la violence contre la femme, devra sortir prochainement au Maroc, a annoncé Betty-Batoul, qui souhaite contribuer par cet ouvrage aux efforts déployés par le Royaume dans la lutte contre ce fléau.
La jeune écrivaine française Laurence Le Guen, représenté dans le stand marocain par son ouvrage pour enfants "Sanae la petite bonne" (Yomad éditions, 2010), veut, pour sa part, apporter sa contribution à une autre campagne de prévention lancée au Maroc: celle visant la lutte contre le travail des enfants, en particulier les "petites bonnes".
Il s'agit de son deuxième ouvrage sur le Maroc, après "Le voleur de Volubilis", un polar destiné également aux enfants dont les événements se déroulent à Marrakech. Il a été édité en 2008 par la même maison d'édition marocaine.
"C'était mon premier livre et je suis reconnaissante au Maroc de m'avoir donné la chance de le publier", a confié à la MAP cette ancienne institutrice convertie à l'écriture pour enfants.
Dans un autre registre, l'écrivain marocain Ahmed Tazi a, de son côté, fait découvrir au public son nouveau roman "La dernière alose du Sébou" (La Croisée des Chemins) qui se veut "écologique".
Cette intrigue, qui se passe dans les années 60, a pour fil conducteur l'alose (Chabel), poisson très répandu à l'époque dans le bassin de Sebou avant qu'il ne disparaisse, a précisé M. Tazi qui prépare un autre roman sur l'environnement.
Quant à l'écrivain et critique littéraire Salim Jay, c'est un hommage à la production littéraire marocaine qu'il propose à travers son "anthologie des écrivains marocains de l'émigration", éditée avec le soutien du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME).
Au total, 300 titres sont exposés dans le stand marocain, bien positionné dans le Salon du Livre de Paris qui se poursuit jusqu'au 31 mars, soit plus de 2.000 exemplaires, des nouveautés pour la plupart (toutes catégories confondues).
L'édition de livres au Maroc connaît depuis des années une "progression constante" avec plus de 2.000 ouvrages produits par an dans les trois langues, arabe, français et amazigh, selon l'association marocaine des professionnels du livre.
Source : MAP