La Ligue du Nord, seul parti à pouvoir se réjouir de manière univoque des résultats des élections régionales en Italie du 29 et 30 mars, présidera deux régions. L’ancrage de l’extrême droite se poursuit et la population immigrée sera davantage la cible d’attaques politiques.
Commentant les élections régionales en Italie, le quotidien La Repubblica a titré : « La droite gagne sur le char de la Ligue ». En effet, si la coalition de droite a pu gagner six des treize régions en vote ce week-end, c’est surtout parce-que la Ligue du Nord a plus que doublé son score par rapport aux dernières élections régionales en 2005, arrivant à 12,7% des votes au niveau national.
Considéré comme un test pour Berlusconi et son parti du Peuple de la Liberté (PDL), ces élections ont fait chavirer à droite quatre régions anciennement à gauche. Loin du revers électoral que les élections régionales en France ont constitué pour la droite française, Marc Lazar, politologue, considère toutefois que Berlusconi « paye déjà cher son alliance de gouvernement avec la Ligue [qui lui a assuré la victoire en 2008], mais l'addition sera de plus en plus salée ». Arrivé en tête en Vénétie, la Ligue du Nord présidera aussi le Piémont, région ouvrière et siège de Fiat. Roberto Cota, « léguiste », remplacera Mercedes Bresso, présidente sortante de gauche. Et le PDL devra prendre en compte davantage encore le discours anti-immigrés et autonomiste de la Ligue du Nord.
La combinaison de ces deux discours, autonomiste et anti-immigrés, a entrainé une coalition à priori improbable entre ouvriers et chefs d’entreprises à voter pour la Ligue du Nord. Pour les premiers, le discours anti-immigrés offre une solution facile aux difficultés rencontrées aujourd’hui au niveau de l’emploi et à une soi-disante perte d’identité. Pour les seconds, le discours autonomiste promet d’arrêter de soutenir financièrement les régions plus pauvres du sud de l’Italie. L’allègement de la charge fiscale qui s’ensuivrait est un vrai argument pour l’entrepreneuriat italien. Et selon l’éditorialiste Stefano Folli du quotidien Il Sole 24 Ore, avec des résultats aussi hauts, Umberto Bossi, fondateur et chef de la Ligue du Nord, « peut exiger des réformes comme le fédéralisme fiscal ou un Etat (central) plus léger. » Le sud du pays étant largement tributaire des régions du nord, il ne restera peut-être rien d’autre à faire aux Italiens du sud que d’émigrer.
Autre aspect concernant la montée de la Ligue du Nord : Umberto Bossi aurait déjà « inscrit son nom » pour la candidature à la mairie de Milan, capitale économique de l'Italie, remise en jeu l'an prochain. Après la manifestation du 19 mars 2010 de membres de la Ligue du Nord réclamant la fermeture du consulat marocain à Milan, voilà une nouvelle inquiétante pour le MRE d’Italie.
Source : Yabiladi