Un millier d'émigrés libanais de 80 pays ont assisté hier à Beyrouth au congrès baptisé « L'énergie de la diaspora libanaise ». Un congrès qui prend désormais une dimension nationale et ambitionne de devenir un rendez-vous annuel incontournable.
Le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, a officiellement annoncé hier l'entrée en vigueur de la loi de recouvrement de la nationalité libanaise. Et ce lors de la cérémonie d'ouverture du congrès de la diaspora libanaise, baptisé « L'énergie de la diaspora libanaise » (« Lebanese Diaspora Energy »), qui s'est déroulée à l'hôtel Hilton Habtoor, à Sin el-Fil. Il a annoncé, pour l'occasion, « le lancement d'un véritable chantier national et international, et la mobilisation de toutes les énergies, notamment le corps consulaire et diplomatique dans son ensemble, pour le réaliser ». Et invité les Libanais de la diaspora à récupérer leur nationalité, afin de sauver la diversité au pays du Cèdre.
M. Bassil s'est ainsi exprimé devant un nombre impressionnant de Libanais de la diaspora, un millier de personnalités venues de 80 pays de l'émigration, mais aussi devant de nombreuses personnalités politiques, religieuses, diplomatiques, militaires, juridiques, économiques et médiatiques.
Préserver l'identité
« L'application de la loi de recouvrement de la nationalité libanaise est notre combat pour la prochaine décennie », a-t-il souligné, précisant que « ce défi commun (à l'État et aux émigrés) a pour objectif de préserver l'identité ». « La lutte contre les mini-États communautaires et le takfirisme, le maintien de la diversité, la lutte contre la corruption... permettent de préserver la formule libanaise, le pacte national et la Constitution. »
Gebran Bassil a salué les nombreux émigrés qui ont fait le déplacement pour participer au congrès, venus d'Orient, d'Afrique, d'Occident ou d'ailleurs. Il s'est dit fier de leurs succès, « un succès pour la nation », et a reconnu combien la responsabilité est grande, face à cette diaspora avec laquelle il partage sa « foi dans le Liban », et qui est « avant tout libanaise ».
À plusieurs reprises, le chef de la diplomatie a interpellé l'assistance. « Savez-vous pourquoi cette nation héberge 200 réfugiés au km2 sans défaillir ? Savez-vous pourquoi ce pays a été la scène de guerres meurtrières sans disparaître ? Savez-vous pourquoi les Libanais n'ont jamais été réfugiés, malgré toutes les épreuves qu'ils ont endurées? Notre secret est notre libanité, a-t-il martelé, autrement dit un peuple, avec son histoire, sa civilisation, son ethnie aux multiples origines, ses religions diverses, sa terre, et enfin son identité. »
Mais comment préserver cette libanité ? « En préservant l'identité », a répondu M. Bassil. Mais aussi, « en refusant l'implantation, en réagissant face à l'afflux syrien, en travaillant au retour des populations réfugiées chez elles ». C'est dans ce cadre que se situe le chantier du recouvrement de la nationalité, « un chantier qui mobilise tout le corps diplomatique et consulaire au sein du ministère des Affaires étrangères », « un rêve devenu réalité », a indiqué le ministre. « Nous devons aussi préserver l'État », a-t-il poursuivi, faisant part de la nécessité de protéger l'indépendance, de poursuivre la lutte contre Israël, de privilégier la coexistence, de lutter contre la pensée unique ou contre la corruption... Et de se prononcer également pour la « préservation de la culture et de la langue », en facilitant l'implantation d'écoles libanaises dans les pays de l'émigration. Gebran Bassil a de plus insisté sur la nécessité de « préserver l'humain », d'œuvrer donc à faire appliquer le principe de l'égalité entre tous les citoyens, mais aussi de « préserver la terre qui ne peut être possédée par des étrangers, mais qui est l'aimant qui garde et unit les Libanais ».
Le ministre des Affaires étrangères a enfin rappelé son ambition de toucher chaque Libanais de la diaspora, autrement dit les 14,5 millions de Libanais dans le monde. « Nous en avons la volonté, malgré des possibilités limitées », a-t-il reconnu, tout en remerciant les émigrés pour leur engagement pour le pays du Cèdre et pour avoir réussi à répandre la culture libanaise dans le monde.
Quelques statistiques
Chiffres à l'appui, le président-directeur général de la Bank of Beirut, Salim Sfeir, a pris la relève, rappelant que les capitaux des émigrés dans les banques libanaises s'élèvent à 32 milliards de dollars, et constituent 20 % des dépôts bancaires au Liban. Quant aux virements annuels, ils atteignent la somme de 7 milliards de dollars environ et représentent un apport essentiel en capitaux étrangers. « C'est bien le miracle libanais », a-t-il observé, saluant l'attachement entre les émigrés et leur pays d'origine. « Il est possible de pousser un Libanais au départ, mais il est impossible d'arracher le Liban du cœur des émigrés », a-t-il ajouté. M. Sfeir a enfin invité les émigrés à jouer un rôle plus efficace au Liban, au niveau des investissements dans les régions rurales notamment, afin d'assurer un « avenir meilleur à leur patrie » d'origine et contribuer à son développement.
06/05/2016
Source : lorientlejour.com