samedi 23 novembre 2024 05:13

MSF, sans espoir d'avancée, boycottera le Sommet humanitaire mondial

L'ONG Médecins sans frontières (MSF) renonce "à regret" à participer au Sommet humanitaire mondial fin mai à Istanbul, affirmant n'avoir "plus aucun espoir" de voir cette réunion inédite faire pression sur les Etats pour améliorer l'aide aux victimes des conflits.

"Nous ne voyons plus comment le sommet va aider le secteur humanitaire à répondre aux besoins massifs engendrés par la violence continue contre les patients et le personnel médical en Syrie, au Yémen et au Sud-Soudan, par le blocage des civils en fuite aux frontières de la Jordanie, la Turquie et la Macédoine, par le traitement inhumain des réfugiés et migrants qui tentent désespérément de trouver refuge en Grèce et en Australie", égrène MSF dans un communiqué reçu jeudi.

L'organisation estime aussi que la réunion d'Istanbul ne servira à rien pour remédier à la faiblesse constatée des réponses aux récentes épidémies (Ebola, fièvre jaune) en Afrique ou aux "graves restrictions mises en places par certains Etats" en terme d'accès humanitaire.

"La responsabilité des Etats dans toutes ces situations, et la capacité amoindrie des humanitaires à y répondre (...) sera ignorée", dénonce-t-elle.

Selon les Nations unies, quelque 80 pays au moins doivent participer les 23 et 24 mai au sommet d'Istanbul. Au dernier pointage, 45 seulement seront représentés par leurs chefs d'Etat et de gouvernement.
L'absence de l'ONG "est décevante, car je pense que le sommet va aborder nombre de sujets très importants pour MSF, et sur lesquels MSF défend habituellement un point de vue argumenté et influent", a commenté à New York le porte-parole des Nations unies Stéphane Dujarric.

Selon lui les délégués vont tenter de renforcer la prévention des conflits, le respect des lois humanitaires internationales, la protection des civils et des personnels sanitaires, ainsi que la libre circulation des humanitaires.

Médecins sans Frontières, qui est l'une des principales ONG pourvoyeuses d'aide humanitaire dans le monde, est elle-même devenue une cible récurrente dans les zones de conflit, avec 75 des hôpitaux qu'elle dirige ou soutient victimes de bombardements en 2015.

Le 27 avril, la destruction sous les bombes du régime syrien d'un hôpital lié à MSF a fait 55 morts dans la ville d'Alep, selon le dernier bilan établi par l'organisation.

Nombre d'autres infrastructures de l'ONG ont été prises pour cibles, notamment en Afghanistan où un raid aérien américain sur un hôpital de Kunduz a fait 42 morts en octobre 2015, ou au Yémen, où un autre établissement a été touché à la même époque par des raids saoudiens.

05/05/2016

Source : AFP

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