Mériame Mezgueldi désire rendre hommage, à travers ses œuvres qui sont également «un retour aux sources», à l’immigrant parce qu’il est souvent «dénigré» à ses yeux.
Il n’y a pas mieux que l’espace Rivages de la Fondation Hassan II pour les MRE à Rabat pour exposer des toiles reflétant les états d’âme de migrants. Les œuvres de l’artiste-peintre franco-marocaine Mériame Mezgueldi abondant dans ce sens, ont trouvé un bon écho chez les initiateurs de l’exposition, intitulée «Lost», regorgeant de dessous. «Quand j’ai fait une introspection personnelle, il s’est avéré à mes yeux que nous nous sommes perdus et les villes sont détruites occasionnant par là des déplacements de population. Voilà pourquoi j’ai retranscrit, dans cette exposition, la réalité de ce Lost», explique, lundi dernier, à ALM l’artiste-peintre lors du vernissage de son exposition qui se poursuit jusqu’au 31 mai.
Outre ce «Lost», Mériame Mezgueldi désire rendre hommage, à travers ses œuvres qui sont également «un retour aux sources», à l’immigrant parce qu’il est souvent «dénigré» à ses yeux.
Quant à son inspiration, l’artiste la puise dans l’école expressionniste allemande. «Il y a beaucoup de symboles dans mon travail», détaille Mériame Mezgueldi dont les œuvres sont conçues à l’huile sur toile «pour travailler sur la transparence» comme le précise l’artiste dont la moitié est consacrée aux portraits d’hommes. «J’ai eu la chance d’avoir une résidence dans une maison de retraite. Ce sont pour la plupart des immigrés qui se sont retrouvés par un accident de la vie dans ce foyer et ils ont accepté de poser pour moi», indique-t-elle en détaillant l’exemple de la toile illustrant un travailleur immigré qui est déjà décédé et que l’artiste a garni de la médaille du travail pour ses 40 ans de labeur. Dans cette exposition, l’artiste met également une petite fille, entre autres, sur un nuage pour évoquer les trois enfants décédés dans la Méditerranée en l’espace de trois mois. «C’est un témoignage de ce qui se passe en vue de rendre la dignité à certaines personnes», enchaîne l’artiste en s’expliquant également sur la toile illustrant l’enfant tentant d’attraper la lune. «Quand j’étais enfant, je lisais beaucoup «oui-oui décroche la lune» insinuant que l’enfant doit rêver, alors que dans ma toile il est dans une tente, effrayé. C’est comme ça que j’ai restitué l’information», précise l’artiste qui annonce, à travers «Lost», les couleurs de sa prochaine exposition. «La toile affichant une femme barbelée exprime la transhumanité parce que, bientôt, nous n’aurons plus les mêmes préoccupations qu’aujourd’hui. Nous allons rentrer dans une autre dimension puisqu’on nous apprend qu’il y aura des gens qui vont éventuellement vivre 300 à 400 ans. C’est le début d’un thème sur lequel je veux travailler», avance l’artiste qui compte à son actif trois expositions au Maroc outre celles organisées à l’étranger.
mai 07, 2016, Salima Guisser
Source : aujourdhui.ma/culture