mercredi 3 juillet 2024 16:26

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Des Marocains du monde dénoncent une formation purement formelle

Ce sont quelques dizaines d’acteurs associatifs représentant 200 associations à avoir bénéficié d’une formation à Rabat.   Sur invitation du ministère des MRE et des Affaires de la migration, ils sont venus de France, d’Espagne, d’Italie, de Belgique et des Pays-Bas pour apprendre quelques  notions en orientation et en matière de soutien technique et financier.

Pourtant, ce genre de formation suscite plusieurs questions sur leur utilité, leurs bénéficiaires,  les critères de sélection de ces derniers et leur coût. Ceci d’autant plus que ce dernier cursus a été dispensé par des spécialistes privés.   Ces questions sont des plus légitimes  puisque le paysage associatif des Marocains résidant à l'étranger qui compte plus de 2.500 associations ne cesse de faire débat sur son bilan, ses réalisations et sa valeur ajoutée concernant tant les Marocains du monde que les intérêts du Maroc dans les pays d'accueil.

En effet, nombreux sont les MRE qui critiquent ces associations et pointent du doigt leur manque de professionnalisme et leur gestion entachée de clientélisme et de favoritisme. Rachid Bekhouch, acteur associatif résidant aux Pays-Bas, ne va pas quarte chemins. D’après lui, ces associations ne sont que des coquilles vides et n’existent que sur papier.  « En  Hollande, « Association de MRE » est un vain mot. La plupart du temps, il s’agit d’associations créées de toutes pièces à des fins précises. Notamment par les services consulaires », nous a-t-il confié. Et de confirmer : « Il suffit d’observer les projets réalisés et destinés aux MRE pour se rendre compte de la situation de ce tissu soi-disant associatif censé répondre aux besoins d’une communauté marocaine et notamment des jeunes de  la quatrième génération, qui vivent une situation délicate. Prenez  mon cas comme exemple :  j’ai deux enfants nés et ayant grandi ici aux Pays-Bas et qui n’ont jamais appris l’arabe puisqu’il n’y a aucune structure pour les prendre en charge ».

Pour lui, il ne faut pas s’attendre à grand-chose de ces associations parce qu’elles manquent de vision, de programme et qu’elles fonctionnent sous le régime   des relations clientélistes.  Même son de cloche de la part de Faissale Domeska, militant associatif belge,  qui nous a indiqué qu’il y a trois catégories d’associations de MRE dans ce pays. Il y a celles qui travaillent tout au long de l’année avec  d’autres  associations ou institutions belges  sur les politiques de la migration ou sur l’image des migrants ainsi que sur les droits et les attentes des MRE. Il y a également les associations qui sont fortement liées au ministère des MRE et des Affaires de la migration et au Conseil de la communauté marocaine à l'étranger pour des raisons purement financières. Et enfin, les associations appelées de « circonstance » qui surgissent de nulle part chaque fois qu’il y un événement national ou une  affaire qui secoue les opinions publiques. Il s’agit en fait d’associations de façade qui n’ont d’existence que sur le papier, qui sont dépourvues de personnel, de siège et de programmes. « Les effets de l’éclatement et de la faiblesse de ce tissu associatif sont  palpables et attestent de son échec comme c’est le cas également pour les politiques initiées par le ministère des MRE à destination des Marocains du monde. Le nombre  de  jeunes Marocains issus de la migration qui partent faire le djihad en Syrie et en Iraq atteste de l’échec de la politique  et des programmes religieux destinés aux MRE. Le peu d’affluence aux événements culturels marocains prouve également l’échec de pareille  politique. Nos jeunes nés et ayant grandi ici parlent peu l’arabe et sont peu intéressés par la culture marocaine. Est-ce que vous savez que pour apprendre l’arabe dans une ville comme Liège, il faut débourser 50 euros par mois en sus des 200 euros exigés comme frais d’inscription».

Toufik Benabid, Président-fondateur JEM "Jissre-Passerelle EuroMed" en France, nous a indiqué que s’il  y a des associations qui déploient des efforts notables malgré  la faiblesse de leurs moyens, il n’en demeure pas moins que nombreuses sont les associations qui manquent de continuité dans leurs actions et de crédibilité et qu’il y a encore des efforts à faire notamment au  niveau de la transparence.

Une situation déjà dénoncée par un collectif d’associations de MRE à l’occasion du  Forum des associations des Marocains du monde organisé en 2014.    D’après ce collectif, les méthodes clientélistes  caractérisent la relation du ministère de tutelle avec ces associations  notamment via le système des subventions. Pis, le collectif estime que pareilles  associations sont mises en place pour jouer un rôle de surveillance et de contrôle des MRE comme le font les “Moqaddem” au Maroc, tout en occultant l’incontournable travail qui doit être fait sur les vraies revendications et les attentes. Notamment celles touchant à la mise en application effective des articles 16, 17, 18, 30 et 163 de la Constitution relatifs à leurs droits civiques et politiques.

7 Mai 2016, Hassan Bentaleb

Source : Libération

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