Les Nations unies ont proposé lundi de mettre en place un "pacte mondial" pour tenter de résoudre la plus grave crise migratoire depuis la Seconde guerre mondiale en favorisant l'accueil, chaque année, d'au moins 10% des réfugiés.
Ce "pacte mondial de partage des responsabilités" vise à alléger le poids pesant sur les pays en développement touchés de plein fouet par la crise, en raison notamment de l'afflux de réfugiés syriens fuyant la guerre qui fait rage dans leur pays depuis plus de 5 ans.
Quelque 60 millions de personnes sont réfugiées ou déplacées à travers le monde et l'ONU dans sa proposition souhaite prendre à bras-le-corps le sort des réfugiés.
Ces derniers représentent 19,6 millions de personnes à travers le monde, et le plan onusien prévoit de négocier les conditions dans lesquelles au moins 10% d'entre eux pourront être pris en charge par de nouveaux pays chaque année.
"En partageant les responsabilités de façon équitable, il n'y aurait plus de crise pour les pays d'accueil", a estimé le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon.
"Nous avons les moyens d'apporter une aide, et nous savons que nous avons à faire", mais bien souvent la peur, l'ignorance et la xénophobie sont des obstacles, a expliqué M. Ban.
La proposition de l'ONU intervient après des mois de tensions au sein de l'Union européenne sur la réponse à apporter: plus de 184.000 migrants sont arrivés en Europe par la mer depuis le début de l'année, soit bien plus que les 49.000 personnes ayant effectué le même périple au cours de la même période en 2015.
Le "pacte mondial" devrait être adopté lors d'un Sommet de l'ONU le 19 septembre, qui sera suivi le 20 septembre par une conférence des donateurs, organisée par le président américain Barack Obama en marge de l'Assemblée générale de l'ONU.
Il s'agira pour les pays d'annoncer le nombre de réfugiés qu'ils sont prêts à accepter et toute autre forme d'aide qu'ils peuvent apporter.
L'ONG Amnesty International s'est félicité de cette proposition, estimant qu'elle définissait de nouvelles règles du jeu avec l'espoir de réduire la surpopulation des camps de réfugiés et de voir moins de migrants se lancer dans la périlleuse traversée de la Méditerranée.
"Les dirigeants mondiaux ne peuvent pas aller de crise en crise, marchander les chiffres et bricoler des solutions alors que des régions du monde sont en feu, et qu'on laisse les pays en développement accueillir 86% des réfugiés", s'est insurgé Sherif Elsayed-Ali, responsable du programme Droits des réfugiés et des migrants à Amnesty International.
"Un système global qui définit clairement les responsabilités de chaque pays avant que la crise ne devienne aiguë est à même de solutionner cela", a-t-il espéré.
Une poignée de pays accueillent actuellement le gros des réfugiés, selon le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés. A eux seuls la Turquie, le Pakistan, le Liban, l'Iran, l'Ethiopie, la Jordanie, le Kenya et l'Ouganda reçoivent plus de la moitié des réfugiés.
Côté financements, 75% du budget de l'ONU pour venir en aide aux réfugiés est assuré par l'Union européenne et neuf pays: les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Japon, l'Allemagne, le Koweït, la Suède, la Norvège, le Danemark et les Pays-Bas.
M. Ban a aussi appelé à un "pacte mondial" visant à réguler les flux migratoires, en fixant un délai de deux ans pour négocier les modalités de cet accord.
Le rapport invite enfin l'ONU à mener une campagne contre la xénophobie et à améliorer sa réponse face au flux des demandeurs d'asile.
9 mai 2016
Source : AFP