Les alliés bavarois du parti d'Angela Merkel ont accepté mardi de renoncer à la poursuivre devant la Cour constitutionnelle pour sa politique d'ouverture aux migrants, dans un premier signe d'apaisement après des mois de querelles internes sur le sujet.
Le gouvernement de l'Etat de Bavière, dominé par l'Union chrétienne-sociale (CSU), branche régionale de la CDU conservatrice de la chancelière allemande, "ne veut plus pour le moment poursuivre le projet de plainte devant la Cour constitutionnelle fédérale qui avait été envisagée jusqu'ici", a-t-il indiqué dans un communiqué.
Cette plainte devait être déposée le cas échéant pour non respect des obligations de l'Etat fédéral en matière de surveillance des frontières nationales et de protection des régions.
Le ministre de l'Intérieur de ce Land du Sud de l'Allemagne, Joachim Hermann, a justifié cette volte-face en affirmant que les critiques de la CSU à l'égard de la politique généreuse de la chancelière en 2015 avaient porté leurs fruits.
"L'essentiel, c'est que nous connaissons aujourd'hui une réduction significative du flux de réfugiés" en Allemagne, a-t-il ajouté.
Un accord a été conclu avec le ministre fédérale de l'Intérieur, Thomas De Maizière, pour maintenir les contrôles aux frontières du pays tant que ceux aux frontières extérieures de l'UE ne fonctionneront pas de manière plus efficace. "Et nous n'en sommes pas encore là", a souligné M. De Maizière, membre de la CDU.
Région limitrophe de l'Autriche, la Bavière est la porte d'entrée de la plupart des migrants qui se rendent dans le pays depuis la fin de l'été 2015.
Dirigée par la branche locale très conservatrice des Unions chrétiennes (CDU/CSU) d'Angela Merkel, cet Etat n'a cessé de contester le cap généreux suivi par la chancelière en 2015, année durant laquelle le pays a accueilli un nombre record d'un million de demandeurs d'asile.
Mais depuis début 2016, leur nombre diminue fortement suite à la fermeture de la route dite des Balkans. La mise en application de l'accord UE-Turquie, qui aboutit de facto à déléguer à Ankara la gestion du flux de migrants, a aussi contribué au recul.
Le conflit sur la politique migratoire au sein de la famille politique de la chancelière a été ces derniers mois d'une intensité sans précédent pour le parti depuis les années 1970 et a contribué à la fragiliser comme jamais en dix ans de pouvoir.
Le climat entre les deux partis-frères reste toutefois tendu car le mouvement est globalement en forte baisse dans les sondages nationaux, à un peu plus de 30% d'intentions de vote selon les dernières enquêtes, soit dix points de moins environ qu'en 2013. Cette chute s'explique par la percée de la droite populiste de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), dont le discours anti-Merkel et anti-immigrés porte dans l'opinion.
La CSU a laissé planer le week-end dernier la menace de ne pas soutenir Angela Merkel pour la chancellerie lors des prochaines élections législatives de l'automne 2017, faute d'un changement de cap politique d'ici là.
10/05/2016
Source : AFP