Salé, dans le quartier Tabriquet. Un soleil de plomb culmine à l'heure du déjeuner. Le centre d'accueil de jour des migrants d'AIDE Fédération est en effervescence. Une vingtaine de migrants attendent leur repas avec impatience, avant de rejoindre leur lieu de travail.
Depuis le 4 août 2014, l'AIDE Fédération Maroc s’est installée à Rabat puis à Salé. L'association accueille une quarantaine de migrants, les accompagne, les aide sur le plan juridique, pour l’obtention de leur carte de séjour ou de la carte consulaire de leur pays d'origine. Plusieurs volets sont couverts par la fédération: social, éducatif, juridique, et de la santé. L'association se charge également de recevoir des demandeurs d'asile.
Des vestes de chantier côtoient des habits plus décontractés. Certains migrants d'origine subsaharienne sont sur le qui-vive. Ils savent que des journalistes viennent pour filmer l'association.
"Certains d'entre eux ont peur, ils ont vécu dans des pays où la caméra est synonyme de pouvoir. Et les deux ne font pas bon ménage, ils ont gardé cette réticence depuis", explique Laroussi Benyahya, médecin bénévole dans le centre. Le ton est donné: il faut de multiples tentatives des responsables qui encadrent les migrants pour les rassurer sur notre venue.
"La première barrière qui empêche ces gens de s'insérer socialement, c’est la langue" confie Oussman, responsable juridique du centre. "Ici, les migrants peuvent apprendre la darija, car la première porte vers l’intégration, c’est de discuter et de se faire comprendre".
Valoriser les compétences
Oussman, 37 ans, est lui-même migrant guinéen, arrivé au Maroc en 2010 et intégré dans le système marocain depuis son embauche au sein d'AIDE Fédération. Il n'a en bouche que des louanges pour le Maroc, devenu terre d'accueil depuis le lancement de la nouvelle politique migratoire, fin 2013, qui a permis de régulariser des milliers de sans-papiers.
Depuis qu'il a un travail stable, il dit se sentir utile à la société. Il oeuvre notamment pour cerner les compétences des migrants et les valoriser en les poussant à travailler dans un secteur qu’ils connaissent ou dont ils sont déjà diplômés. L’association leur permet ainsi d’évoluer dans un domaine en proposant une formation adéquate qui facilite leur intégration.
Bénévole dans le centre, le docteur Laroussi Benyahya, retraité, explique avoir trouvé une cause qui lui tient à cœur et dit "lier l’utile à l’agréable". Il a lui-même élaboré des partenariats avec des entreprises extérieures susceptibles d’embaucher régulièrement des migrants pour les intégrer au marché du travail.
Les échanges fonctionnent, la plupart des bénéficiaires disposent d’une rémunération journalière, voire mensuelle qui leur permet de vivre et de mener à bien leurs projets.
12/05/2016, Mélodie Chum & Zaïnab Aboulfaraj
Source : huffpostmaghreb.com