L'ancien Premier ministre conservateur britannique John Major a appelé vendredi à manier le thème de l'immigration "avec précaution" dans la campagne du référendum sur le maintien ou non du Royaume-Uni dans l'Union européenne.
"Nous ne devons pas négliger des inquiétudes authentiques mais elles doivent être exprimées avec précaution, honnêteté et de façon équilibrée. Pas d'une manière qui ferait augmenter les peurs ou alimenterait les préjugés", a mis en garde celui qui a été Premier ministre entre 1990 et 1997, dans un communiqué de presse avant un discours vendredi soir devant les étudiants d'Oxford.
Selon M. Major, partisan d'un maintien dans l'UE, ceux qui souhaitent une sortie colportent "des mensonges absurdes" sur l'idée que l'afflux d'immigrés au Royaume-Uni cesserait en cas de sortie de l'UE.
Le souhait de limiter ou tarir le flux d'immigrés est l'un des arguments centraux du camp pro-Brexit et notamment du parti europhobe et anti-immigration Ukip de Nigel Farage.
"Alors que les arguments en faveur d'une sortie implosent les uns après les autres", certains responsables du camp pro-Brexit rejoignent la ligne de l'Ukip et "leur position par défaut: l'immigration", a dit M. Major, des propos destinés visiblement aux partisans conservateurs du Brexit.
"C'est leur carte maîtresse. Je les exhorte à faire attention, c'est un terrain dangereux qui -s'il est traité avec négligence- peut donner lieu à des divisions sur le long terme au sein de notre société", a-t-il mis en garde.
Mardi, le conservateur pro-Brexit Iain Duncan Smith a affirmé qu'un maintien du pays dans l'UE signifierait davantage "d'immigration incontrôlée", avec des conséquences sur les aides sociales, une augmentation du prix des logements et un engorgement des écoles et services de santé.
Selon les chiffres officiels de l'Office national des statistiques (ONS), 617.000 personnes ont immigré au Royaume-Uni entre septembre 2014 et septembre 2015 dont 257.000 ressortissants européens. Près de 300.000 personnes ont quitté le pays sur la même période.
Cependant, les partisans du Brexit préfèrent se référer au nombre, beaucoup plus important, d'Européens qui ont fait une demande de numéro de sécurité sociale britannique, indispensable pour travailler au Royaume-Uni.
Selon l'ONS, l'écart s'explique par le fait que les chiffres officiels ne prennent pas en compte l'immigration de courte durée, c'est-à-dire de moins d'un an.
13/05/2016
Source : AFP