samedi 23 novembre 2024 05:45

«Le phénomène migratoire devient un prétexte de crispation et de fermeture»

L’inauguration prochaine du tunnel du Gothard est un symbole d’ouverture de la Suisse à l’Europe, pour le président de la Confédération.

Dans un discours moins prudent qu’attendu, Johann Schneider-Ammann a sensibilisé l’assemblée du Forum des 100 au climat isolationniste ambiant. «Le protectionnisme commercial s’est à nouveau insinué dans le discours public, l’OMC a de la peine à trouver un nouvel élan, les partis nationalistes et populistes, en Europe et au-delà, renforcent leur influence, le scepticisme à l’égard du libre-échange s’accroît». Le Président de la Confédération est formel: la Suisse n’est pas immunisée contre ces mouvements. «De loin pas!» Ainsi, il appelle les décideurs politico-économiques à favoriser un esprit d’ouverture. «On préfère de plus en plus la défense de l’identité communautaire, à l’espace dans lequel le génie humain peut se déployer. Je constate que le phénomène migratoire devient le prétexte de toutes les crispations et de toutes les fermetures, qui, peu à peu, sapent les fondements de notre prospérité. Pourtant, l’ouverture est l’un des piliers de notre identité nationale».

La symbolique du Gothard, qu’il inaugurera le 1er juin en compagnie de plusieurs chefs d’Etat européens constitue, selon lui, une contribution substantielle à l’entente européenne. «Le Gothard, c’est le geste d’ouverture qui est à la base de la Suisse originelle. Je suis persuadé que le nouvel axe que nous avons tracé contribuera une fois encore à notre prospérité, mais aussi à celle de nos voisins et de l’Europe».

Profitant de se trouver devant nombre d’acteurs économiques et politiques de Suisse romande, le ministre de l’économie a tenu à rappeler l’importance de l’innovation pour rester dans le peloton de tête des économies les plus compétitives. «Grâce aux nouvelles opportunités qu’offre la digitalisation, les esprits les plus entreprenants – et je pense tout d’abord à nos jeunes – ont des possibilités inespérées de créer leurs propres entreprises. Le futur optimiste dont on rêvait dans les années 1960 est de retour: il ne se passe pas un jour sans que l’on annonce de nouveaux développements de technologies de l’information, de biotechnologies ou de matériaux». Il s’agit dès lors, avance Johann Schneider-Ammann, de savoir garder les innovateurs en Suisse et l’Etat se doit de jouer un rôle en créant des espaces de liberté où l’esprit d’entreprise peut se déployer. «Etrangler AirBnB ou Uber à coups de réglementations n’est certainement pas la bonne voie!»

Le président appelle à développer l’esprit «Gothard»: celui qui ne se laisse ni arrêter par les barrières ou les barbelés, ni par la bureaucratie.

jeudi 19 mai 2016, Aïna Skjellaug

Source : letemps.ch

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