L'immigration est revenue jeudi au cœur de la campagne pour le référendum britannique sur l'UE après l'annonce d'un pic migratoire sur lequel les partisans du Brexit comptent capitaliser après plusieurs sondages défavorables.
"Nous ajoutons chaque année au Royaume-Uni une population de la taille d'Oxford juste avec les migrations en provenance de l'UE", s'est alarmé Boris Johnson, l'ancien maire conservateur de Londres et chef de file des partisans d'un Brexit, en appelant les Britanniques à "reprendre le contrôle" de leurs frontières lors du référendum du 23 juin.
Au même moment, son successeur à la mairie de Londres, le travailliste Sadiq Khan, a déclaré à l'AFP vouloir exposer sa "vision positive d'un maintien dans l'Union européenne".
Il a également rappelé "les avantages" de l'immigration pour le pays, évoquant un gain de "plus de 20 milliards" de livres depuis 2001 correspondant à l'écart entre les impôts payés par les ressortissants de l'UE au Royaume-Uni et les allocations qu'ils ont pu toucher.
Mais pour les partisans d'un Brexit, la situation est "hors de contrôle" si l'on en croit les derniers chiffres sur l'immigration publiés par l'Office des statistiques nationales (ONS).
Selon l'ONS, 630.000 personnes sont entrées légalement au Royaume-Uni en 2015, tandis que 297.000 personnes en sont parties (Britanniques, citoyens de l'UE et hors UE confondus). Soit un solde de 333.000, le deuxième le plus haut de l'histoire.
Ces nouvelles statistiques montrent en particulier que 270.000 citoyens de l'UE ont immigré au Royaume-Uni, un nouveau record que les statisticiens imputent à une forte augmentation des arrivées de citoyens bulgares et roumains.
Le chef du parti europhobe et anti-immigration Ukip, Nigel Farage a aussitôt tweeté: "Immigration de masse toujours désespérément hors de contrôle et qui va empirer si nous restons dans l'UE".
Les pro-Brexit espèrent que ces chiffres vont aider à enrayer leur chute dans les sondages. 53% des Britanniques voteront pour un maintien dans l'UE le 23 juin contre 47% pour une sortie, selon la moyenne des six dernières enquêtes d'opinion réalisées par le site "What UK thinks".
Pour les experts, la progression du camp du "remain" (rester) s'explique d'abord par les nombreuses mises en garde sur le risque économique majeur que représenterait un Brexit.
Le Premier ministre conservateur David Cameron s'appuie sur les rapports d'institutions nationales et internationales comme la Banque d'Angleterre ou le FMI pour marteler que le pays court à la catastrophe s'il décide de rompre avec l'UE.
Plutôt que de prédire enfer et damnation en cas de Brexit, le maire de Londres Sadiq Khan a déclaré à l'AFP: "Nous avons toujours été une nation ouverte, tournée vers les autres", en marge d'une rencontre avec de jeunes entrepreneurs dans l'est de Londres.
"Ce n'est pas seulement une question d'argent. Quel genre de pays, quel genre de personnes voulons-nous être? Il s'agit de nos valeurs, de notre ouverture au monde qui nous empêche de faire autrement que de nous unir avec nos voisins européens", a-t-il insisté.
Lundi, Nicola Sturgeon, la Premier ministre de l'Écosse, avait déjà appelé à vanter les mérites de l'UE plutôt que de brandir uniquement les risques d'une sortie.
Si David Cameron en particulier ne montre pas plus de passion européenne, c'est en fait parce que le coeur n'y est pas vraiment, a estimé l'un de ses anciens conseillers, stratège en chef de son premier mandat.
"S'il était juste un citoyen ou un député sans responsabilité ou un secrétaire d'État ou même un ministre du cabinet, je suis certain qu'il serait en faveur d'une sortie" de l'UE, a ainsi affirmé au Times Steve Hilton, un ami de M. Cameron.
26/05/2016
Source : AFP