Retour à l'avant 2013. Pour fixer les dates du ramadan 2016, les autorités françaises du culte musulman ont toutes décidé d'abandonner le calcul scientifique basé sur le calendrier lunaire. Comme c'était le cas précédemment, elles vont se réunir dans les prochains jours pour déterminer la date exacte du début (et la fin) des 30 jours de jeûne, un des cinq piliers de l'Islam respecté par plus de 70% des musulmans de France.
Cette réunion se déroulera à la Grande mosquée de Paris (GMP) le dimanche 5 juin. "Conformément à la tradition de l’Islam, la "Nuit du doute" (qui correspond à la fin du mois lunaire, ndlr) est toujours fixée au 29ème jour du mois de Chaâbane de l’année hégirienne 1437/H qui correspond cette année au dimanche 5 juin 2016", précise la GMP dans un communiqué. Objectif affirmé: "unir dans une volonté commune et fraternelle l’ensemble des musulmans de France autour d’une même date de début de jeûne du mois de Ramadhan".
Après quelques années de flottement, la tradition est donc à nouveau privilégiée dans un souci d'apaisement. En théorie, tous les musulmans de France commenceront ce mois si important à la même date. Celle-ci sera fixée à partir du jour choisi par l'Arabie saoudite, moyennant une observation astronomique; ce sera le 6 ou le 7 juin. "L'Arabie saoudite abrite les lieux sacrés de La Mecque et de Médine. Quand La Mecque parle, tous les pays musulmans suivent", précise à Saphir News Dalil Boubakeur, recteur de la GMP et président d'honneur du Conseil français du culte musulman (CFCM).
Le calcul mathématique plus pratique mais moins consensuel
En 2013, il est pourtant l'un de ceux qui avaient participé au changement du mode de calcul. Aujourd'hui, il reconnaît son erreur. "Nous avons été sensibles aux arguments sur les facilités que cela octroyait pour les administrations, le monde du travail. On pensait que les avantages étaient supérieurs aux inconvénients" indique-t-il.
Si chaque composante du CFCM est d'accord pour revenir aux règles traditionnelles, toutes ne s'accordent pas sur le bilan à tirer de l'expérience de 2013. "Le Rassemblement des Musulmans de France (RMF) est intimement convaincu des bienfaits d’un calendrier fixe déterminé en avance, mais on s’est rendu compte que, à l’application, l’unité ne s’est pas confirmée. Nous restons très pragmatiques", indique son président Anouar Kbibech qui est par ailleurs président du CFCM.
En froid avec le CFMC, l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) proche des Frères musulmans a également décidé de se ranger à la décision qui sera prise le dimanche 5 juin bien que ses autorités soient favorables à un fixement à l'avance jugé plus pratique.
28/05/2016, Alexandre Boudet
Source : Le HuffPost