Le géopoliticien Michel Foucher est un homme heureux : la question des frontières signe son retour sur la scène mondiale, de l’Ukraine au Proche-Orient en passant par la crise des migrants. Géographe de formation, cet ancien ambassadeur ne cache pas dans son dernier et court essai sa joie d’assister au retour en fanfare de cette institution territoriale dans l’organisation du monde. Mais, prévient-il aussitôt, au-delà de sa satisfaction, il faut appréhender cette renaissance des frontières avec nuance.
C’est là tout l’intérêt de sa réflexion. Connu pour ses travaux de références en géopolitique – notamment sa somme Fronts et frontières publiée en 1988 (Fayard) au moment des premiers craquements à l’Est –, Michel Foucher se distingue des partisans du souverainisme le plus étroit qui se caractérise par une volonté de fermeture des frontières au nom de la défense des Etats-nations. Cet universitaire, qui n’est pas un homme à l’esprit corseté, sillonne la planète depuis des décennies pour mieux comprendre l’identité européenne et la place de la France dans ce monde en perpétuel mouvement. C’est dans cette perspective de réaménagement des rapports de forces qu’il signe cette synthèse sur la recomposition des frontières à partir de quatre volets : regain de souveraineté des Etats, érection de « murs » et barrières un peu partout, contestation des frontières existantes et prolifération d’Etats faillis…Suite