Cette année, la communauté musulmane en Belgique accueille le mois sacré de Ramadan dans un contexte, pour le moins, particulier. Quelques semaines après les événements tragiques qui ont touché la capitale de l’Europe, ce mois béni vient à point nommé pour corriger certaines idées reçues et restaurer l’image quelque peu écornée du vivre-ensemble à la belge.
Synonyme de partage, de sérénité et de convivialité, il est, plus encore cette année, un moment de renouvellement collectif de l’attachement aux valeurs communes, à des traditions religieuses ouvertes à la fois à l’esprit de la religion comme à l’esprit du temps. Des traditions qui promeuvent des modèles de religiosité ancrées dans la tolérance et l’acceptation de l’autre.
En ce début de Ramadan, le même mot d’ordre semble raisonner partout : il y a urgence de défendre ensemble les valeurs communes de la société, malgré toutes les différences, de se dresser contre ceux –innommables- qui se permettent au nom de la religion de bafouer la dignité humaine.
‘’Le mois de Ramadan est un moment propice pour se recueillir, pour se ressourcer spirituellement et revoir nos comportements habituels, pour repenser nos relations avec nous-mêmes ainsi qu'avec tout le monde’’, a souligné le secrétaire général du Conseil Européen des Oulémas Marocains (CEOM), Khalid Hajji, dans un entretien à la MAP.
Cette année, relève M. Hajji, le Ramadan est d'autant plus attendu qu'il fournit aux Musulmans de Belgique une occasion pour souligner l'importance du culte islamique dans la consolidation du vivre-ensemble.
‘’L'observance du jeûne contribue à notre élévation spirituelle et nous prédispose davantage au partage, à respecter l'autre, à faire le pas pour le connaitre et ce faisant, contribuer forcément à restaurer l'image qu’on a voulu coller à l'islam et aux Musulmans après les attaques terroristes qui ont secoué la capitale belge’’, explique-t-il.
Ramadan porte cette force spirituelle nécessaire pour persévérer sur la voie de la sagesse et de la sérénité propice à l'harmonisation des rapports, malgré un contexte de plus en plus pesant.
M. Hajji lance, à cette occasion, un appel à barrer la voie à toutes les formes d’extrémismes, qu’elles aient trait au religieux ou au politique.
‘’Nous savons que les extrémismes se nourrissent l'un de l'autre, et nous voyons qu'en Europe plusieurs groupes prônent l'extrémisme politique pour contrecarrer l'extrémisme religieux, ce qui est une erreur fatale’’, note-il.
D’où, il s’avère indispensable, selon lui, de mutualiser les efforts, car l’extrémisme ne menace pas une communauté, une religion ou une race particulière, mais toute la société.
‘’Si l'extrémisme religieux nous promet de l'obscurantisme, l'extrémisme politique conduira à l'effritement des valeurs communes et à mettre fin à la diversité culturelle qui a fait de l'Europe un lieu de rencontre et d'échange’’, a-t-il affirmé.
Pour combattre ce fléau, de plus en plus visible, il faut, comme le préconise M. Hajji, promouvoir l’action commune et faire preuve de sagesse.
Passant des paroles aux actes, organismes de représentation des musulmans de Belgique et tissu associatif multiplient les actions tout au long du mois sacré.
Comme chaque année, le Conseil Européen des Ouléma Marocains réunira, lui, autour d’une réception-Iftar des diplomates, des représentants des autres religions, des représentants des institutions politiques et académiques et des membres de la communauté musulmane.
Le Conseil organisera également des ateliers au profit des jeunes musulmans. Son objectif est de les sensibiliser aux questions du vivre-ensemble, de la religion et de la religiosité, mais aussi à l'importance du contexte Européen.
Une série de conférences et de prêches accompagneront, durant tout le mois sacré, les membres de la communauté musulmane en Belgique estimée à plus de 700.000 âmes.
09/06/2016, Morad Khanchouli
Source : MAP