Après l'association L214 et les professionnels du secteur, c'est au tour des représentants des cultes juif et musulman d'être auditionnés à l'Assemblée, jeudi. L'occasion pour le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Anouar Kbibech, d'annoncer la création d'une commission mixte, avec les autorités juives, sur l'abattage rituel.
Réfléchir ensemble à l'abattage rituel
Jeudi, les députés se sont donc penchés sur la question de l'abattage rituel (halal et casher), qui représente 15 % de la viande disponible en France, dont 1.6 % pour la viande casher, selon les chiffres donnés en commission d'enquête.
Autorisé de manière dérogatoire en France, l'abattage rituel se déroule sans étourdir les animaux. Ceux-ci sont donc conscients au moment d'être égorgés. Une technique qui soulève la question du bien-être animal. En effet, une fois égorgée, une bête peut mettre 30 à 60 secondes avant de mourir. "Peut-on faire autrement ?", s'interrogeait Stéphane Le Foll, lors de son audition par la commission d'enquête, le 18 mai. Autrement dit, peut-on alléger les souffrances d'une bête lors de son abattage ? Pour répondre à cette question, le ministre a diligenté un rapport sur cette question qui sera publié en septembre.
Jeudi, face à la commission d'enquête, le président du CFCM se dit, lui aussi, préoccupé par cette question. L'occasion d'annoncer une initiative :
L'abattage rituel musulman et l'abattage rituel juif sont proches et convergents. D'ailleurs à ce sujet, le Consistoire central et le CFCM ont décidé de mettre en place une commission commune mixte sur l'abattage rituel. Anouar Kbibech, président du Conseil français du culte musulman (CFCM)
Joël Mergui, le président du Consistoire central israélite de France, précise qu'une première réunion a déjà eu lieu à l'école rabbinique afin d'examiner "les préoccupations communes" aux deux instances:
Le bien-être animal, une préoccupation aussi religieuse
Une fois de plus, les députés ont interrogé les deux représentants des cultes sur les évolutions possibles du mode opératoire de l'abattage. A terme, peut-on envisager l'étourdissement avant ou après l'égorgement ? Comment réduire la souffrance animale durant ces 30 à 60 secondes de conscience ?
Le président du Consistoire assure que le bien-être animal est au cœur de la démarche d'abattage dans la religion juive. Pour autant, pas question, à ce stade, d'envisager un étourdissement des bêtes :
Sans manger casher, il n'y a pas d'avenir pour la communauté juive dans un pays. Revenir sur cette pratique, c’est une forme d’atteinte à notre liberté de conscience qui parfois peut induire des envies, chez certains membres de la communauté juive, de quitter la France [...] L'abattage rituel est une pratique très ancienne, une pratique juive, qui a été la première pratique qui a permis de garantir le respect de l'animal. Joël Mergui, président du Consistoire central israélite de France
Quant aux mauvais traitements des animaux, Joël Mergui l'assure : "il n'y a quasiment aucun raté dans l'abattage rituel juif".
De son côté, le président du CFCM détaille la façon dont un animal doit être abattu pour qu'il soit considéré comme "halal". Lui aussi se prononce en défaveur d'un abattage avec étourdissement :
« L'animal doit être respecté [...] L'abattage doit avoir lieu sans aucune forme d'étourdissement que ce soit avant ou après. La mise à mort des animaux sans étourdissement est une exigence rituelle, certes, mais qui participe également au bien-être animal et à l'hygiène. « Anouar Kbibech, président du Conseil français du culte musulman (CFCM)
23/06/2016, Elodie Hervé
Source : lcp.fr