samedi 23 novembre 2024 01:23

Crise migratoire : 1 500 garde-côtes pour renforcer Frontex

Le spectre d'une Europe passoire. C'est ce qui avait été agité au lendemain des attentats du 13 novembre, lorsqu'il était apparu que deux des kamikazes du Stade de France étaient entrés en Europe dissimulés dans le flux de migrants arrivés en Grèce. Pointée du doigt, Frontex, l'agence européenne de gestion des frontières, s'était défendue par la voix de son directeur, le Français Fabrice Leggeri.

Il avait rappelé dans nos colonnes qu'il n'avait aucun mandat pour effectuer des contrôles de sécurité aux frontières, ni possibilité d'accéder aux bases de données des Etats membres. Fabrice Leggeri appelait ainsi à une refonte rapide du cadre juridique de son action. Il a été entendu. Mercredi, le Parlement européen a entériné la création d'un corps de gardes-côtes européens. « Cela s'est fait en six mois, un record », se félicite-t-on à Frontex. Concrètement, une force de 1 500 hommes sera opérationnelle, et mobilisable en moins d'une semaine lorsqu'il apparaîtra qu'un pays membre est confronté à un afflux migratoire qu'il ne peut manifestement gérer seul. « Cette force pourra être déployée, y compris si le pays ne le demande pas, mais ne pourra l'être si le pays le refuse », détaille-on à la Commission. En pareil cas, ses voisins pourront toutefois fermer leurs frontières avec le « récalcitrant »...

Partage des informations

Obligé jusqu'alors de quémander ses moyens, notamment logistiques, aux Etats contributeurs, Frontex aura son propre matériel. Surtout, ses hommes auront donc accès aux données nationales. « Prenons l'exemple d'un Allemand parti faire le djihad en Syrie, et dont le passeport a été annulé, développe une source à la Commission. S'il se présentait avec à une frontière extérieure de l'UE, les agents de Frontex n'avaient jusqu'à aujourd'hui aucun moyen de savoir qu'il n'était plus valable... » D'ici quelques mois, dès que les pays de l'Union auront traduit dans leur système juridique ce règlement, c'est donc une nouvelle agence européenne qui verra le jour, se substituant à Frontex qui lui servira de fondation. « Le but est de gérer efficacement les migrations, tout en garantissant la libre circulation interne dans le plein respect des souverainetés nationales », s'est félicité Bernard Cazeneuve, parmi les plus fervents artisans de cette évolution. Tout en assurant qu'elle améliorera ses capacités de secours en mer, cette nouvelle agence devrait aussi jouer un rôle de coordination des reconduites aux frontières des étrangers expulsés hors d'Europe.

11 juillet 2016, Faits divers

Source :  Le Parisien

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