Le débat sur le Brexit a provoqué "un énorme pic du discours de haine" envers les migrants, "au plus haut niveau de la classe politique britannique" et aura des répercussions en Europe, a déploré vendredi à Athènes le Commissaire aux droits de l'homme au Conseil de l'Europe.
"Le débat sur le Brexit était terrifiant car vous aviez une rhétorique raciste envers les migrants au plus haut niveau de la classe politique au Royaume-Uni", a déclaré Nils Muizniek lors d'une conférence de presse.
"Surtout pendant les deux derniers mois, il y a eu un énorme pic du discours de haine", a-t-il souligné, rappelant que le Conseil de l'Europe avait envoyé un rapport au gouvernement britannique sur ce sujet.
Interrogé sur l'impact en Europe du langage raciste utilisé le Commissaire a répondu que cela "envoie un signal aux partis populistes à travers l'Europe, leur montrant comment c'est facile de manipuler le discours du jeu politique".
Il s'est dit également inquiet "sur les répercussions plus larges en Europe" du débat sur le Brexit, surtout à l'approche "du prochain grand évènement, le référendum en Hongrie" où "les migrants ont déjà été une cible" raciste.
Dix jours après le référendum au Royaume-Uni, dont le résultat a provoqué un choc en Europe, la Hongrie a annoncé un autre référendum pour le 2 octobre, portant sur le plan européen de relocalisation des migrants. Les Hongrois doivent répondre à la question : "Voulez-vous que l'Union européenne décrète une relocalisation obligatoire de citoyens non hongrois en Hongrie sans l'approbation du Parlement hongrois?".
M. Muizniek a effectué une visite de cinq jours en Grèce cette semaine pour enquêter sur l'impact de la crise économique, qui frappe le pays depuis sept ans, et de la crise migratoire de cette dernière année sur les droits de l'homme.
Il s'est félicité "de l'amélioration" de la situation en Grèce en matière de droits de l'homme et du fait que "des députés et membres du parti néonazi Aube dorée, accusés de crimes et violences racistes, sont actuellement jugés devant les tribunaux grecs". "Il s'agit d'un procès d'une importance majeure, qui doit envoyer un message politique", a-t-il estimé, mettant en garde contre le retard pris dans la procédure qui pourrait encourager de nouvelles attaques racistes.
Il s'est particulièrement félicité du renforcement de l'arsenal législatif en 2014, quelques mois après l'assassinat d'un rappeur grec par un membre d'Aube dorée, et "du discours positif du gouvernement grec en faveur des migrants". "Ces actions envoient un message de tolérance zéro face à la xénophobie et au racisme", a souligné M. Muizniek.
Il a toutefois déploré le manque du personnel et d'infrastructure dans les dizaines camps de réfugiés à travers le pays et appelé les pays européens "à soutenir la Grèce et réaliser leurs engagements en matière de relocalisation".
"Pour 3.000 personnes logées à Skaramangas, un camp près d'Athènes, le personnel n'est que 24", a-t-il relevé, ajoutant que les réfugiés manquent d'information adéquate sur la procédure d'enregistrement, et qu'il faudrait améliorer la prise en charge des "plus vulnérables dans les camps, surtout les malades, les handicapés et les enfants".
8 juil 2016
Source : AFP