Réalisée par Yannick L’Horty, enseignant-chercheur à l’Université Paris-Est-Marne-la-Vallée, l'étude s'est penchée sur les risques de discrimination dans le recrutement de la fonction publique (Etat, structures hospitalières et collectivités locales).

S'appuyant sur l'exploitation systématique de bases de données de concours externes de la fonction publique d'Etat, et des campagnes de tests de discrimination dans l'accès à l'emploi public et à l'information sur les offres d'emploi, l’étude, la première du genre, fait ressortir que même les personnes vivant dans les quartiers défavorisés sont également pénalisées dans l'accès aux fonctions publiques.
Les tests ont porté sur l'envoi de 3.258 candidatures virtuelles en réponse à 1.086 offres d'emploi réelles concernant cinq professions dans les trois versants de la fonction publique : policier national, infirmier en soins généraux, responsable administratif, technicien de maintenance et aide-soignante.

Le rapport explique que les modes de recrutement sont "très décentralisés et très peu organisés", proches de ceux du privé, indiquant que les tests ne révèlent pas de différence de traitement dans la fonction publique d'Etat, où des actions en faveur de l'égalité ont été déployées depuis dix ans (label diversité, parité et pluralité des jurys et commissions de recrutement notamment), très variables cependant d'un ministère à l'autre.

Concernant les concours organisés pour le recrutement, le rapport fait ressortir que les femmes, les personnes nées hors de France ou encore celles résidant dans les quartiers défavorisés "ont moins de chance de les réussir".

Les tests ont également mis en évidence une discrimination dans les hôpitaux publics "entre une femme candidate française et une autre signalant une origine maghrébine par son patronyme", mais n'ont pas, en revanche, révélé de différence de traitement dans la police nationale.

L'Institut national de la statistique et des études économiques pointe chaque année le doigt sur le poids des inégalités sociales et des discriminations dans l'emploi des personnes, notamment d’origine étrangère.

Les derniers résultats de l'enquête (mars 2016) indiquent que 17,2 % des immigrés sont au chômage contre 9,9 % des Français nés en France.

Selon des testing sur CV effectués régulièrement, les Français d'origine extra-communautaire (asiatique, africaine, maghrébine) sont systématiquement discriminés par rapport aux Français d'origine française, mais l'origine maghrébine reste la plus discriminée.

Une spécialiste des questions sociales, Marie-Anne Valfort, a expliqué ce rejet particulier du Maghrébin par son appartenance probable à la religion musulmane qui semble, selon elle, constituer un handicap de plus pour lui.

12/07/2016

Source : APS